Silence et pauvreté — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Silence et pauvreté

Lorsque le silence m’a libéré, que je ne suis plus occupé à mesurer la vie, mais à la vivre, je puis découvrir une forme de prière, exempte en fait de toute distraction. Ma vie entière devient prière. Tout mon silence est prière. Le monde du silence où je suis plongé contribue à ma prière.

Laissez-moi donc chercher le don du silence, et la pauvreté, et la solitude, où tout ce que je touche se change en prière, où le ciel est ma prière, les oiseaux, ma prière, le vent dans les arbres, ma prière, puisque Dieu est tout en tout.

Pour qu’il en soit ainsi, je dois être vraiment pauvre. Je dois ne rien rechercher, mais je dois me trouver très satisfait de tout ce que je tiens de Dieu. La vraie pauvreté est celle du mendiant, heureux de recevoir l’aumône de tout le monde, mais surtout de Dieu. La fausse pauvreté est celle de l’homme qui prétend avoir l’indépendance de l’ange. La vraie pauvreté consiste donc à recevoir et à rendre grâce, à ne garder que le strict nécessaire. La fausse pauvreté prétend n’avoir aucun besoin, elle prétend ne rien demander, elle s’efforce de tout rechercher, et se refuse à tout gratitude pour quoi que ce soit.

Thomas Merton, Les chemins de la joie (Extraits)
Traduction par une moniale Bénédictine du Mont-Olivet, Plon Editeur (1961), (p. 95 à 97).