Béni soit Dieu le Père des miséricordes — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Béni soit Dieu le Père des miséricordes

Guerric d’Igny Premier sermon sur le Carême (Extraits)

« Béni soit Dieu, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos épreuves (2 Co 1,3)... .

Guerric d’Igny Premier sermon sur le Carême (Extraits)

 « Béni soit Dieu, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos épreuves (2 Co 1,3). Nombreuses sont les épreuves des justes, le Seigneur les délivrera de toutes (Ps 34,20). » Les épreuves dont nous souffrons sont de deux sortes, non seulement parce que nous sommes composés d'une double nature, de corps et d'âme, mais encore parce que nous vivons de deux façons en partie dans la chair, en partie dans l'esprit. Dans le monde, nous étions tout charnels, dans le ciel nous serons tout spirituels ; sur la terre, nous sommes en partie charnels et en partie spirituels. Selon les progrès que nous faisons dans la vie de l'âme, nous devenons bien plus spirituels, ou bien, plus spirituels et moins charnels, ou enfin nous restons plus charnels et moins spirituels.

Pour nous, quand abondent les consolations temporelles, nous devons être plus reconnaissants et plus humbles : et quand elles nous abandonnent, il faut être plus joyeux et nous tenir pour plus assurer de la rédemption éternelle. Quand nous jouissons de la santé du corps, de la tranquillité des temps ou de l'abondance de toutes choses, il faut nous en servir et les régler avec tant de sagesse, que ces biens ne soient pas une occasion de péché, mais plutôt un moyen d'avancer dans la vertu, en sorte que nous fassions le bien au moyen de cette abondance, et que la prospérité ne nous rende pas mauvais.

Que nous soyons consolés extérieurement ou éprouvés, que béni soit Dieu, qui a donné à nos cœurs une consolation intérieure et éternelle : c'est-à-dire, le jour de l'espérance, qui nous persuade de nous glorifier même dans nos afflictions, nous promettant que « si nous souffrons avec Jésus-Christ, nous régnerons avec lui (2 Tm 2,11-12). »

Quant à l’épreuve que nous souffrons intérieurement à cause de notre iniquité, nous la trouvons d'autant plus fatigante, que nous la sentons plus dangereuse : parce que l'expérience que nous faisons dans la vie nous contraint à dire avec vérité : « Si le Seigneur ne m'était venu en aide, d'un peu plus, mon âme eût habité dans l'enfer (Ps 94,17-18). »

Ce que Tu as accompli une fois corporellement en saint Pierre, chaque jour Tu l’accomplis spirituellement dans les enfants de saint Pierre (Mt 14,28-31). Tu nous as ordonné de venir à toi en marchant sur les eaux, c'est-à-dire, sur cette mer spacieuse et aux bras étendus voilà que nous marchons par ta puissance, mais notre poids nous entraîne et parfois l'esprit des tempêtes fond sur nous au point que nous commençons à être engloutis, c'est-à-dire que nous donnons presque notre consentement à la tentation. Mais si nous avouons promptement que notre pied a été ébranlé, c'est-à-dire que notre âme a bronché et si nous implorons fidèlement ton secours, Tu nous tends miséricordieusement la main, Tu affermis et dirige nos pas.

Pourquoi plutôt, aux jours de bonheur ne jouirai-je pas des biens, et ne prévoirai-je pas les jours mauvais ? N'est-ce pas à présent le temps favorable et les jours de salut ? Et cette parole de l'Apôtre : Tant que nous avons le temps, opérons le bien envers tous. Nous serons véritablement heureux si nous reconnaissons justement notre misère, si nous sommes livrés à une sainte douleur si nous vivons toujours dans la crainte et la vigilance : à la mort nous serons rassurés.