Marie — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Marie

Tout ce qu’on a écrit sur la Vierge, Mère de Dieu, me prouve que sa sainteté est la plus secrète de toutes. Ce que les gens trouvent parfois à dire d’elle nous en apprend davantage sur eux que sur Elle...

Tout ce qu’on a écrit sur la Vierge, Mère de Dieu, me prouve que sa sainteté est la plus secrète de toutes. Ce que les gens trouvent parfois à dire d’elle nous en apprend davantage sur eux que sur Elle. Car étant donné que Dieu nous a révélé très peu de choses à son sujet, les hommes qui ne savent rien d’elle ni de sa vie, tendent à se démasquer lorsqu’ils essaient d’ajouter quelque chose à ce que Dieu nous a appris sur la Vierge. Or ce que nous savons d’elle ne rend que plus mystérieux le caractère et la qualité véritables de sa sainteté. Nous croyons que sa sainteté fut la plus parfaite après celle du Christ son fils, qui est Dieu. Mais la sainteté de Dieu n’est que ténèbres pour notre esprit. Et celle de la Vierge est, en quelque sorte, plus cachée encore que la sainteté de Dieu, parce qu’Il nous a au moins révélé, sur Lui-même, quelque chose d’objectivement valide lorsqu’on le traduit en langage humain. Mais en ce qui concerne Notre-Dame, il n’a révélé que peu de choses importantes, dont nous ne pouvons même pas saisir pleinement la signification. Car tout ce qu’il nous a dit sur son âme se résume à ceci : elle est absolument remplie de la plus parfaite sainteté que puisse posséder une créature. Mais nous n’avons aucun moyen sûr de connaître ce que cela signifie en détail… Et pourtant, je peux trouver Notre Dame si je demeure, moi aussi caché en Dieu en qui elle est cachée. Le meilleur moyen de la connaître, c’est de partager son humilité, sa discrétion, sa pauvreté, son effacement et sa solitude ; et la connaître ainsi, c’est trouver la sagesse… C’est pour cela que l’aimer et la connaître, c’est découvrir la véritable signification des choses et accéder à la sagesse. Sans elle, la connaissance du Christ n’est qu’intellectuelle, mais en Marie, elle devient expérience parce qu’elle reçu l’humilité et la pauvreté sans lesquelles on ne peut connaître le Christ. Sa sainteté est le silence dans lequel seul le Christ peut être entendu, et nous pouvons percevoir la voix de Dieu grâce à sa contemplation.

 

                                      Merton, Semences de contemplation, Electa ut sol Seuil 1956.