Mois du Rosaire — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Mois du Rosaire

Guerric d’Igny 4ème sermon pour l’Assomption. (Extraits)

« Marie a choisi la meilleure part (Lc 10,42). » Ceci a été écrit de Marie, sœur de Marthe, mais s'est accompli, en ce jour, d'une manière plus parfaite et plus sainte dans Marie, mère du Seigneur. Aujourd'hui, en effet, la bienheureuse Vierge Marie a choisi la meilleure part...

 

Guerric d’Igny 4ème sermon pour l’Assomption. (Extraits)

 « Marie a choisi la meilleure part (Lc 10,42). » Ceci a été écrit de Marie, sœur de Marthe, mais s'est accompli, en ce jour, d'une manière plus parfaite et plus sainte dans Marie, mère du Seigneur. Aujourd'hui, en effet, la bienheureuse Vierge Marie a choisi la meilleure part, ou plutôt elle a reçu aujourd'hui, pour la posséder à jamais, la part qu'elle avait déjà choisie depuis longtemps ; elle est unie inséparablement au Seigneur et elle va jouir à jamais du Verbe de Dieu. On ne donne pas un sens étranger ou inconvenant à ces paroles, en appliquant à notre Marie ce qui a été dit de la sœur de Lazare ; ce n'est seulement pas la similitude de nom, c'est aussi la ressemblance des actions qui favorise cette application.

 L'une a donné au Seigneur l'hospitalité sous son toit, l'autre le loge dans l'appartement nuptial de son sein. L'une, « assise aux pieds du Seigneur écoutait ses paroles (Lc 10,39) »                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    l'autre appliquée à soigner son humanité, conservait toutes les paroles qui avaient trait à lui, et les méditait dans son cœur . Et lorsque Jésus, prêchant l'Évangile, parcourait les villes et les bourgades, Marie, sa compagne inséparable, s'attachait à ses pas, et était suspendue à ses lèvres, tellement que rien ne pût l'empêcher d'accompagner son Fils et son maître, ni la rigueur de la persécution, ni l'horreur de son supplice. « Marie, mère de Jésus, était debout, » dit l'Évangéliste, « auprès de sa croix (Jn 19,25). » Voilà bien la mère, elle n'abandonnait pas son Fils, même dans la terreur de la mort. Comment aurait-elle pu être effrayée par la mort, cette âme supérieure dont la charité était aussi forte, disons mieux, était plus forte que la mort ? Elle était bien placée près de la croix de Jésus, elle dont la douleur crucifiait aussi l'âme, et dont le cœur était percé d'autant de glaives, qu'elle voyait de coups blesser le corps de son adorable Fils. C'est donc avec raison qu'elle a été reconnue pour mère, et que Jésus a confié à un tuteur convenable la charge de prendre soin d'elle, au lieu où se sont montrés surtout l'attachement de la Mère pour son Fils et la véritable affection du Fils pour sa Mère. Car, dans les autres circonstances, il paraissait la méconnaître ; soit lorsque, aux noces, il lui répondit quand elle demandait un miracle « Femme, qu'y a-t-il entre toi et moi (Jn 2,4)? » soit lorsque, une personne lui criant, au milieu de l'un de ses discours : « Voilà ta mère et tes frères qui sont dehors et te demandent; il répondit quelle est ma mère, (Mt 12,48) ? Mais lorsque sa mère demandait un miracle, il fallait bien répondre ainsi, afin de montrer qu'il tenait d'un autre qu'elle le pouvoir de les opérer ; et il ne pouvait pas mieux répliquer à celui qui interrompait la prédication de l'Évangile en lui annonçant l'arrivée de ses parents, qu'en lui indiquant qu'il fallait préférer les choses spirituelles à celles de la chair. Comme si, selon son habitude, il avait répondu à ses parents qui étaient à sa recherche, tandis qu'il était occupé à répandre l'Évangile : « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous point qu'il faut que je me trouve en ce qui est des intérêts de mon Père (Lc 2,49) ? »…

Loin de nous la pensée que Jésus ait méprisé sa mère, lui qui a donné avec tant de soin le précepte d'honorer ses parents. Oui, loin de nous la pensée qu'il ait eu du dédain sur la terre pour sa mère, lui qui a désiré sa beauté dans le ciel. Mais c'était plutôt pour régler en nous la charité, pour nous apprendre, par ses paroles et par ses exemples, à préférer à nos affections naturelles, non-seulement l'amour de Dieu, mais l'amour de ceux qui font la volonté du Seigneur. On exige ces sentiments de nos cœurs, de nous tous qu'a adoptés la clémence du Père souverain on veut que nous disions fidèlement avec le Fils unique : « Quiconque aura fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, est mon frère et ma sœur et ma mère (Mt 12,50). » Cette parole convient tout à fait aux enfants de Dieu, et l'Esprit divin ne rend point à notre esprit de témoignage plus fidèle pour attester que nous sommes les fils du Seigneur, que lorsque cette parole du Fils unique de Dieu sort de nos poitrines. C'est pourquoi Jésus montre encore que Marie, sa mère selon la chair, était aussi sa mère par une autre raison, puisqu'elle accomplissait si parfaitement la volonté du Père, que le Père disait d'elle à l'avance : « Tu seras appelé ma volonté en elle (Es 62,4). » Par conséquent, là où son Fils parait l'avoir méconnue, c'est là qu'il l'a le plus honorée, puisqu'il lui assure doublement l'honneur d'être sa mère, parce qu'elle l'avait porté incarné dans son sein et parce qu'elle le portait en cet instant inspiré en elle par le Saint-Esprit.