Cheminer vers Pâques — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Cheminer vers Pâques

A propos du jeûne
Mes bien-aimés, je vous prie d'observer avec toute la dévotion possible, le jeûne quadragésimal, non seulement à cause de l'abstinence qui nous y est prescrite, mais aussi et bien plus encore, pour le mystère caché sous ce jeûne. Si nous avons jeûné le reste de l'année avec piété

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A propos du jeûne

 

Mes bien-aimés, je vous prie d'observer avec toute la dévotion possible, le jeûne quadragésimal, non seulement à cause de l'abstinence qui nous y est prescrite, mais aussi et bien plus encore, pour le mystère caché sous ce jeûne. Si nous avons jeûné le reste de l'année avec piété, pendant ce saint temps, nous devons le faire avec bien plus de piété encore. Si donc il y a quelque chose de plus rigoureux dans ce jeûne que dans les autres, n'est-il pas tout à fait indigne de vous de vous plaindre d'observances que l'Église entière pratique avec nous ?


Quel est, je ne dis pas le moine, mais simplement le chrétien qui fera difficulté de pratiquer le jeûne dont le Christ lui a donné l'exemple. Après tout, nous devons imiter son jeûne avec d'autant plus de piété, mes frères bien-aimés, qu'il est plus certain que c'est pour nous, non pour lui, qu'il a lui-même jeûné.


C'est donc avec la plus grande ferveur que pendant la présente quarantaine, nous devons rechercher celui qui en fait la meilleure partie, et qui est le mystère figuré par ce saint temps. En conséquence, si notre zèle s'est un peu ralenti pendant le reste de l'année, il est bien qu'il se ranime dans la ferveur de notre esprit. Si nous n'avons péché que par la bouche, que la bouche seule observe le jeûne, mais si tous les autres membres de notre corps ont péché aussi, pourquoi ne jeûneraient-ils point comme elle ? Que notre oeil jeûne donc, puisqu'il a porté le ravage dans notre âme, que notre oreille jeûne également, que notre langue, que nos mains, que notre âme elle-même jeûne aussi. Les yeux jeûneront en se privant de tout regard de curiosité et de pétulance, et expieront, en demeurant humblement baissés, tout le mal qu'ils ont fait en se portant librement partout. Les oreilles que le mal chatouille, se sèvreront de fables, de nouvelles, de tout entretien oiseux et de tout ce qui n'a point rapport au salut. La langue se privera de détraction et de murmure, de paroles inutiles, vaines ou bouffonnes, elle se privera également quelquefois, à cause de l'importance de la loi du silence, des choses mêmes qu'il semblerait nécessaire de dire. La main s'interdira non seulement tout signe inutile, mais toute couvre qu'il ne lui est point prescrit de faire. Quant à l'âme, son jeûne, à elle, sera surtout de renoncer à ses vices et à sa volonté propre.

Bernard de Clairvaux. Troisième sermon pour le carême (Extraits)

 

Le jeûne qui plaît au Seigneur 

 

Voici le jeûne agréable au Seigneur : s’abstenir de tout mal, non seulement au-dehors, de l’acte, mais aussi au-dedans, de la volonté perverse. Au- dehors c’est à un autre que l’on nuit ; au-dedans c’est à soi-même. Car on nuit d’abord à soi-même puis à autrui. A travers la tunique de l’autre, c’est ton corps que tu transperces… La jalousie t’apporte plus de mal à toi que la calomnie n’enlève de bien à celui que tu rabaisses par jalousie. Le jeûne parfait et tel que Dieu le désire ce n’est pas, pour l’homme, mortifier son âme à longueur de journée, tordre la tête et la courber et en même temps, talonner avec cupidité tous ses débiteurs et passer le jeûne dans la dispute et la querelle, mais c’est s’abstenir de tout mal et s’appliquer à tout bien. Ne pas faire à autrui le mal que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse et faire le bien qu’on désirerait pour soi

Isaac de l’Etoile Sermon 1 pour le premier dimanche de Carême (Extraits)