Le partage des fruits de la contemplation — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Le partage des fruits de la contemplation

Nous recevons Dieu dans la mesure où nous sommes dépouillés et vidés de tout attachement à Ses créatures. Et lorsque nous aurons été libérés de tout autre désir, nous goûterons la perfection d’une joie incorruptible. Dieu ne nous donne pas Sa joie pour nous seuls, et si nous pouvions Le posséder pour nous seuls, nous ne Le posséderions pas.Une joie qui ne déborde pas de nos âmes pour aider les autres à se réjouir en Dieu ne nous vient pas de Dieu. (Mais ne croyons pas que nous devons la voir déborder dans l’âme des autres. Dans l’économie de Sa grâce, nous pouvons partager Ses dons avec quelqu’un que nous ne connaîtrons jamais avant d’être au Ciel.)

Si nous approchons de Dieu dans la contemplation, ce n’est pas pour nous seuls, mais aussi pour les autres.

Cependant l’un des signes que notre expérience de Dieu vient de Lui peut être une grande gêne à en parler aux autres. Parler du don qu’Il nous a fait nous semble le dissiper et obscurcir la pure transparence où a brillé la lumière de Dieu. Nul n’est plus réservé qu’un contemplatif sur ce sujet. Il ressent parfois une douleur presque physique lorsqu’il doit parler à quelqu’un de ce qu’il a vu de Dieu, ou du moins en parler comme de sa propre expérience.

C’est quand nous essayons de partager la connaissance de Son Amour avec les autres que nous devons, plus qu’à aucun autre moment de la vie spirituelle, être entièrement dociles et soumis aux mouvements les plus délicats de Sa volonté et de Sa grâce.

Il vaut beaucoup mieux être trop méfiant et risquer de ne pas la partager, que de tout laisser échapper en essayant de la donner avant de l’avoir reçue. Le contemplatif qui essaie de prêcher la contemplation avant de savoir lui-même vraiment ce qu’elle est, se met, et met les autres, dans l’impossibilité de trouver le vrai chemin de la paix de Dieu.

Thomas Merton, Semences de contemplation (extraits)
Traduction par Marie Tadié, Editions du Seuil (1963) p.200-201-202)