Semences de contemplation — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Semences de contemplation

Chaque instant et chaque évènement de la vie de l’homme sur terre sème quelque chose en son âme. Car de même que le vent transporte des milliers de semences ailées, chaque instant apporte avec lui des germes de vitalité spirituelle qui se posent imperceptiblement dans l’esprit et la volonté des hommes. La plupart de ces innombrables semences meurent et se perdent parce que les hommes ne sont pas prêts à les recevoir, car ces semences ne peuvent germer que dans la bonne terre de la liberté, de la spontanéité et de l’amour.

L’esprit prisonnier d’idées conventionnelles et la volonté enchaînée à son propre désir sont incapables d’accepter les semences d’une vérité inconnue et d’un désir surnaturel. Car comment recevrais-je les semences de liberté si j’aime l’esclavage, et comment entretiendrais-je en moi le désir de Dieu si je suis rempli d’un désir différent et contraire ? Dieu ne peut établir en moi Sa liberté puisque je suis prisonnier et ne désire même pas être libéré. J’aime ma captivité, je m’enferme dans le désir des choses que je hais, et j’ai endurci mon cœur contre le véritable amour. Il faut donc que j’apprenne à abandonner ce qui m’est familier et habituel pour accepter ce qui est nouveau et inconnu pour moi. Il faut que j’apprenne à « me quitter » pour me trouver en m’abandonnant à l’amour de Dieu. Si je cherchais Dieu, chaque évènement et chaque instant sèmeraient, dans ma volonté, des graines de vie divine qui donneraient un jour une extraordinaire moisson.

Thomas Merton, Semences de contemplation (extraits),
Traduction par Marie Tadié, Editions du Seuil (1963) p.19-21