Pauvre avec le Christ pauvre — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Pauvre avec le Christ pauvre

Dom André Louf ocso. Homélie pour le 28ème dimanche du temps ordinaire Année B (Extraits)

Ici-bas, le cœur de Jésus a eu ses préférences : Marie, Marthe, Lazare, l’apôtre Jean surtout, puis ce jeune homme dont nous parle l’évangile d’aujourd’hui et qui va entrer dans l’histoire comme le « jeune homme riche »...

 

Dom André Louf ocso. Homélie pour le 28ème dimanche du temps ordinaire Année B (Extraits)

Ici-bas, le cœur de Jésus a eu ses préférences : Marie, Marthe, Lazare, l’apôtre Jean surtout, puis ce jeune homme dont nous parle l’évangile d’aujourd’hui et qui va entrer dans l’histoire comme le « jeune homme riche ». Sa sincérité et son évidente générosité ont touché Jésus, au point que l’évangéliste Marc relate l’émotion qui a dû un instant faire briller d’émotion son regard : » Il s’arrêta, dit l’évangile et il le regarda avec amour. » …

Comment d’ailleurs ne pas être touché par la ferveur spontanée de ce jeune adulte qui, en courant, a fendu la foule pour se prosterner aux pieds de Jésus et lui demander comment hériter de cette vie éternelle dont Jésus ne cesse de parler ? Et comment ne pas être touché davantage encore en apprenant de sa bouche à quel point il a été fidèle, dès sa jeunesse, à tous les commandements : « Maître, tout cela, je l’ai observé dès mon plus jeune âge. » « Tout cela », c’est-à-dire tout ce que Dieu avait prescrit dans sa Loi, et qui suffisait amplement pour garantir la vie éternelle.

« Tout cela » ! un brin de fierté, après tout légitime, perce dans la voix de ce jeune homme, un petit contentement de soi : il se sent irréprochable. Et sans doute a-t-il raison, et la vie éternelle lui est-elle assurée. Que désirer de plus ?

Rien d’obligatoire, en effet. Seulement du gratuit, du « par-dessus le marché », qui ne peut d’ailleurs être déclenché par un commandement ou par une loi, mais uniquement par un amour. En effet, voici que Jésus, touché par la sincérité de ce jeune, jette sur lui un regard d’amour qui seul peut lui permettre de faire un pas de plus. « Tout cela, dit-il, je l’ai observé. » Et, cependant, reprend Jésus, une chose te manque encore : « Va, vends ce que tu possèdes, donne l’argent aux pauvres, puis viens et suis-moi ! »

Le regard chargé d’amour de Jésus aurait dû rendre ce jeune fou de joie ! Quelle grâce lui fait Jésus, quelle chance lui est offerte, quel trésor aussi - « et tu auras un trésor dans le ciel » ! Mais c’est le contraire qui se produit. Alors qu’un tel regard est normalement irrésistible, dans le cas du jeune homme riche, il manque son effet. Pourquoi ? A cause de son manque de générosité, de ferveur ? Non, il vient de prouver le contraire. Mais entre Jésus et lui, un obstacle s’est dressé : « Il était très riche ! » Or Jésus est venu pour les pauvres, les malades, les pécheurs, et non pour les riches, surtout ceux qui sont riches de leurs biens spirituels.

« Comme il est difficile, ajoute Jésus à un riche d’entrer dans le Royaume. » Avant de préciser de quels riches il s’agit. Non pas ceux qui possèdent beaucoup de biens. Après tout, ils peuvent en rendre grâce à Dieu et les partager. Mais ceux qui mettent leur confiance dans les richesses, dans leur justice, leur vertu, leur générosité, le bon exemple qu’ils pensent donner aux autres. Il y a tant de formes de richesse, et les richesses spirituelles sont, en un sens, plus dangereuses que les matérielles !

Jésus ne prétend cependant pas que c’est impossible, simplement que c’st difficile. Cela prend du temps. Jésus aura à multiplier ses regards d’amour qu’il ne cesse pourtant jamais de jeter sur chacun de nous. A chaque fois que nous en ferons étalage devant lui, de tout ce que nous croyons faire pour son service et pour sa gloire, il nous regardera avec infiniment de tendresse mêlée d’un peu de tristesse, et il nous redira : « Une chose te manque encore : faire confiance non pas à tes richesses, aussi méritoires soient-elles, mais uniquement à mon amour. Car, que tu sois riche ou que tu sois pauvre, mon Royaume ne sera jamais à ta portée. Il est toujours pure grâce. Car, heureusement, ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. »

 

 

                                    La joie vive, méditations à Sainte-Lioba II. Salvator. Extraits.