Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde

Bernard de Clairvaux. Premier sermon pour le dimanche de l’octave de Pâques (Extraits)

« Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde (1 Jn 5,4) » Depuis que le Fils unique de Dieu a cru que ce n'était pas une usurpation pour lui d'être égal à Dieu, a daigné, en même temps, se faire fils de l'homme et s'est manifesté comme un homme par sa manière de vivre (Ph 2,6), il n'est pas, en effet, indigne de Dieu, de devenir le Père de ceux dont le Christ s'est fait le frère. Voilà pourquoi saint Jean nous rappelle bien souvent et avec plus d'insistance que les autres notre adoption en qualité d'enfants de Dieu : cela est dit dès le commencement même de son Evangile : « A ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12). »

Or, ce langage s'accorde très bien avec celui que nous lui avons entendu tenir aujourd'hui dans sa lettre, quand il disait : « Tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde. » Car tous ceux qui sont avec le Christ sont haïs du monde, mais le monde est vaincu par le Christ et par eux avec lui. « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi (Jn 15,18). » Et ailleurs il ajoute : « Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde (Jn 116,33). » Voilà comment s'explique clairement pour nous la vérité de ce que l'Apôtre nous disait quand il s'exprimait ainsi : « Ceux que d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils (Rm 8,29). » Vois comment se réalise cette conformation : à sa suite ils sont donc adoptés pour qu’il soit, lui, le premier-né d’une multitude de frères (Rm 8,29), à sa suite ils sont haïs du monde, à sa suite, ils sont vainqueurs du monde.