Seul le pécheur connaît vraiment Dieu — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Seul le pécheur connaît vraiment Dieu

Seul le pécheur connaît vraiment Dieu

Parmi les deux fils, il y a celui qui commence par refuser à son père, mais finit par lui obéir, et il y a l’autre qui commence par proclamer qu’il obéira ...

   Parmi les deux fils, il y a celui qui commence par refuser à son père, mais finit par lui obéir, et il y a l’autre qui commence par proclamer qu’il obéira, mais qui finit par refuser. Si Jésus fait une parabole de ces deux attitudes, c’est qu’elles sont fréquentes et renferment un enseignement qui nous concerne tous. Car Jésus préfère de toute évidence le fils qui commence par refuser et qui n’obéira qu’en un deuxième moment, « après s’être repenti », dit l’Evangile.
   « Après s’être repenti », c’est à dire après avoir regretté sa première réaction de refus, et s’être rangé à l’ordre de son père, confiant dans sa miséricorde. Car le premier, celui qui a semblé obéir sur le champ, n’a mis sa confiance que dans sa propre bonne volonté, dans sa générosité naturelle. Il fait partie de ceux dont Jésus dira un jour qu’ils n’ont pas besoin de repentir ni de miséricorde. Au moins, c’est ainsi qu’ils se ressentent et qu’ils s’estiment, meilleurs que les autres, comme le pharisien par rapport au publicain au temple, ou comme le fils aîné par rapport au fils prodigue, ou comme les scribes qui étaient sur le point de lapider la femme adultère. Cette dernière scène révèle d’ailleurs très précisément ce que Jésus pense d’une telle attitude : seul « celui qui est sans péché » aurait eu le droit de mettre cette femme à mort. Or, il n’y eut personne, et Jésus finit par se trouver seul avec elle. Mais lui, le seul vraiment « sans péché », ne la condamna point mais lui pardonna son péché. Car elle avait eu le temps de le regretter, et de l’étaler, pour ainsi dire, devant la miséricorde de Jésus.
  C’est Julie Green, je crois, qui a dit : « Seul le pécheur connaît vraiment Dieu, le pécheur et le saint. » Mais les deux, le pécheur et le saint, s’identifient. Il n’y a pas de saint qui ne se reconnaisse pécheur et qui ne se fie éperdument dans la miséricorde. Peut-être même n’y a-t-il pas d’autre chemin pour connaître Dieu que d’être conscient de sa faiblesse et de son péché. « Celui qui pleure ses péchés, disait Isaac le Syrien, est plus grand que celui qui fait des miracles. »
   Tout près de nous, une sainte parmi les plus aimées de notre époque, Sainte Thérèse de Lisieux, a dû à son tour en faire l’expérience, mais, curieusement, dans le sens opposé à celui qu’indique l’évangile d’aujourd’hui. Elle a commencé par ne rien refuser à Dieu, et elle en était bien consciente, car elle confesse, dans son autobiographie, n’avoir jamais offensé Dieu gravement. Elle est sûrement sincère, soutenue qu’elle est à cette époque par une grâce exceptionnelle de Dieu dont elle n’est pas consciente. Et sa foi est tellement lumineuse qu’elle avoue ne pas croire qu’il puisse y avoir de vrais athées. Mais elle aussi devait un jour traverser les ténèbres de la tentation et être prise de vertige devant l’abîme de sa faiblesse. Pendant les derniers mois de sa vie, toute consolation et toute lumière lui furent ôtées. Elle finit par comprendre la sincérité des athées, et se vit assise, comme elle l’écrit, « à la table des pécheurs ». C’est à partir de là qu’elle pourra alors s’attabler, désormais entourées de publicains et de prostituées, au festin du Royaume.      

Dom Louf ocso, homélie 2005 S’abandonner à l’Amour, Editions Salvator 218-219.
 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,28-32

En ce temps-là :

Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’    Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent :« Le premier. »

Jésus leur dit :« Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »