Aimer notre pauvreté — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Aimer notre pauvreté

Il n’est point de vraie vie spirituelle en dehors de l’amour du Christ. Nous possédons la vie spirituelle parce que nous sommes aimés de Lui et pour nulle autre raison. Cette vie consiste à recevoir le don du Saint-Esprit et sa charité. Le Seigneur a voulu, dans son amour, que nous vivions par son Esprit, le même Esprit qui procède du Verbe et du Père, et qui est l’amour de Jésus pour le Père.

Si nous savons quel grand amour Jésus nous porte, nous ne craindrons jamais d’aller à Lui avec toute notre pauvreté, toute notre faiblesse, toute notre misère et infirmité spirituelles. En vérité, lorsque nous comprendrons la véritable nature de son amour pour nous, nous préfèrerons venir à Lui pauvres et impuissants. Nous n’aurons jamais honte de notre détresse. C’est notre plus grand avantage de n’avoir rien à attendre que la miséricorde. Nous pouvons nous réjouir de notre faiblesse quand nous croyons vraiment que sa force se montre parfaite dans notre infirmité.

Le signe le plus certain que nous avons reçu, l’intelligence spirituelle de l’amour de Dieu pour nous, c’est l’appréciation de notre pauvreté dans la lumière de son infinie miséricorde.

Il nous faut aimer notre pauvreté comme Jésus l’aime. Elle est si précieuse pour Lui qu’Il est mort pour la présenter à son Père, et nous doter des richesses de son infinie miséricorde. Il nous faut aimer la pauvreté des autres comme Jésus l’aime. Regardons-les avec les yeux de sa compassion. Mais nous ne pouvons éprouver pour les autres une vraie compassion qu’à la condition de vouloir bien accepter la pitié et recevoir le pardon pour nos propres péchés. Pour savoir vraiment pardonner il faut savoir ce que c’est que d’être pardonné. Aussi devrions-nous nous réjouir de pouvoir recevoir le pardon de nos frères. C’est ce pardon mutuel qui rend manifeste dans nos vies l’amour de Jésus pour nous, car en nous pardonnant les uns aux autres, nous agissons entre nous, comme Il a agi à notre égard.

Thomas Merton, Les chemins de la joie (extraits),
Traduction par une moniale Bénédictine du Mont-Olivet, Plon Editeur (1961), (P. 21, 22).