Marie chemin de réconciliation — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Marie chemin de réconciliation

Marie chemin de réconciliation …


... Et maintenant donc, la femme qui a été bénie entre toutes les femmes, ne semblera point sans emploi, elle aura sa place dans l’œuvre de notre réconciliation...

 Marie chemin de réconciliation …  

... Et maintenant donc, la femme qui a été bénie entre toutes les femmes, ne semblera point sans emploi, elle aura sa place dans l’œuvre de notre réconciliation. Il nous faut un médiateur, pour arriver à un médiateur, et je n'en vois pas de plus utile que Marie. Nous avons eu une cruelle médiatrice dans Ève, par qui l'antique serpent a fait pénétrer jusqu'à l'homme même son virus empesté, mais Marie est fidèle, et est venue verser l'antidote du salut à l'homme et à la femme en même temps.

… Pourquoi la faiblesse humaine craindrait-elle de s'approcher de Marie ? Il n'y a rien d'austère, rien de terrible en elle, elle est toute douceur… Parcourez attentivement toute la suite de, l'histoire évangélique, et si vous trouvez en Marie un mot de reproche, une seule parole dure, la plus petite marque d'indignation, je veux bien que vous la soupçonniez pour le reste, et que vous ayez peur d'approcher d'elle. Mais au contraire, si vous la trouvez en toute occasion, comme vous la trouverez en effet, plutôt pleine de grâce et de bonté, remplie de miséricorde et de douceur, rendez-en grâce à celui qui, dans son infiniment douce miséricorde, vous a donné une médiatrice telle que vous n'ayez jamais rien à redouter en elle. Après tout, elle s'est faite toute à tous, et s'est constituée, dans son immense charité, débitrice des insensés, aussi bien que des sages. Elle ouvre à tous les hommes le sein de sa miséricorde, afin que tous reçoivent de sa plénitude, le captif, la rédemption ; le malade, la santé ; l'affligé, des consolations ; le pécheur, son pardon ; le juste, la grâce ; les anges, la joie ; la Trinité entière, la gloire, et la personne du fils, la substance humaine, en sorte qu'il n'y eût personne qui échappât à sa chaleur (Ps 18,7).

…Je veux bien que la suite de la prophétie montre qu'on doit entendre ces mots de l'état présent de l'Église, mais on peut aussi fort bien les appliquer à Marie. En effet, elle semble s'être revêtue d'un autre Soleil, car, de même, que le Soleil se lève indifféremment sur les bons et sur les méchants, ainsi Marie ne fait point une question de nos mérites passés ; elle se montre accueillante à toutes les requêtes, et pour tous très-clémente. Elle enveloppe d'un immense sentiment de commisération les misères de tous les hommes. Tout défaut se trouve placé au-dessous d'elle, et, dans une sorte d'élévation sans égale, elle dépasse toutes nos faiblesses, toute notre corruption, plus que toute autre créature, de manière qu'on peut dire avec raison que la lune est sous ses pieds. Autrement il ne semble pas que nous disions rien de bien grand, si nous plaçons la lune sous les pieds de celle dont il ne nous est pas permis de douter qu'elle est élevée au-dessus des chœurs des anges, plus haut que les séraphins, et que les chérubins. Ordinairement, la lune est le symbole, non seulement de la corruption, mais même de la sottise, et parfois aussi de l'Église dans le temps présent ; de la sottise à cause de ses phases différentes, et de l'Église, probablement parce qu'elle reçoit sa lumière d’ailleurs…. En effet, « l'insensé, est changeant comme la lune, et le sage est stable comme le soleil (Si 27,12). » Or, dans le soleil, la chaleur et l'éclat sont constants ; la lune au contraire brille seulement, encore sa lumière est-elle changeante et incertaine, elle ne demeure jamais dans le même état. C'est donc avec bien de la raison qu'on nous représente Marie, revêtue du Soleil, puisqu'elle a pénétré l'abîme de la sagesse divine à une profondeur tout à fait incroyable, au point que, autant que cela se peut pour une simple créature, en dehors de l'union personnelle, elle semble plongée tout entière dans cette lumière inaccessible, dans ce feu qui a purifié les lèvres du Prophète (Es 6,6), et qui embrase les séraphins mêmes. C'est d'une manière bien différente, que sont les choses pour Marie. Elle n'a point mérité seulement d'être effleurée par cette lumière, mais d'en être recouverte de tous côtés, d'en être enveloppée de toute part, et de s'y trouver comme au milieu du feu.

... S'il faut plutôt entendre l'Église par la lune, parce qu'elle ne brille point par elle-même, mais par Celui-là seul qui dit : « Sans moi vous ne pouvez rien (Jn 15,5) », vous avez la médiatrice dont je vous ai parlé plus haut, bien clairement indiquée. En effet il est dit : « Une femme, apparut, vêtue du soleil, elle avait la lune sous les pieds (Ap 17,1). » Attachons-nous donc, mes frères, aux pas de Marie …, la femme entre le soleil et la lune, c’est Marie entre Jésus-Christ et son Église.

 

                          Saint Bernard. Sermon pour l’octave de l’Assomption (Extraits). Traduction Dion et Charpentier 1872 revue.