La Trinité — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La Trinité

Evangile et peinture

En célébrant en ce jour la fête de la Trinité nous proclamons notre foi.

Frère Marie ocist : homélie pour le dimanche de la Trinité

Dimanche de la Trinité

 

En célébrant en ce jour la fête de la Trinité nous proclamons notre foi. Toute prière chrétienne, à commencer par le signe de la croix nous plonge au cœur de la Trinité, nous plonge au cœur de son mystère.

C’est à la fois une réalité et un mystère qui nous enveloppe et nous fait vivre. Un mystère à qui on ne peut que s’offrir dans la prière, la supplication, le silence, l’adoration et l’action de grâce.

Pour parler de la Trinité nous sommes confrontés à la radicale pauvreté de notre expérience, à la limite du langage et des idées, car Dieu est l’Être transcendant, le Tout Autre, le Saint par excellence, le toujours au-delà, un abîme de vie et d’amour insondable.

Cependant Dieu n’est pas resté inaccessible, inconnaissable, Dieu s’est révélé, c’est-à dire qu’il ouvre en nous un espace divin, son Royaume. C’est ce que nous enseignent les Saintes Ecritures et ce que la théologie essaye d’exprimer. La communion entre elles des trois personnes divines Père, Fils et Saint Esprit, n’est pas un mystère fermé comme pourrait le faire penser l’image du cercle, c’est un mystère ouvert, une communion qui s’ouvre à nous. Ce caractère ouvert est de grande importance pour nous, car il fonde la vocation et la mission de l’Eglise, de chacun de nous, sommes-nous un cercle ou bien ouvrons-nous l’espace à l’autre ?

Dieu a investi notre histoire et notre vie, bien plus il en est la source et le terme. Personne n’a jamais vu Dieu, nous dit St Jean, Dieu Fils unique qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître.[1] Il nous l’a fait connaître par des paroles et par des actes, jusqu’au don total de lui-même. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son Unique, nous dit St Jean. En nous offrant son unique, Dieu nous appelle à lui.

A travers une histoire de salut Dieu s’est révélé Créateur et Père. C’est par son Fils, le Verbe de Vie, et par le souffle de son Esprit que le Père a tout créé. Tout procède et dépend de Dieu et tout tend vers Lui. Et c’est à l’image de ce qu’il est en lui-même relation, don et communion qu’il a créé l’homme pour en faire un être appelé à partager sa vie.

On dit en théologie que Dieu en sa perfection de vie et de béatitude se suffit à lui-même, mais là est bien le mystère de l’amour que nous montre la révélation et que nous dévoile Jésus Christ, c’est d’un amour désintéressé et totalement donné, gratuit, que la Trinité a créé les libertés que nous sommes. Dieu ne nous crée pas par besoin, mais c’est nous qui avons besoin de lui. Nous n’existons donc que dans la mesure où nous sommes aimés. L’humain pense trop souvent la vie en termes de mérite ou de droit ou d’arbitraire, le Dieu trinité nous la fait penser en don gratuit et aimant.

Lorsque le seigneur proclame lui-même son nom à Moïse, il se nomme ainsi : « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour te de fidélité. » Ce qui fait dire à Moïse : « oui, nous sommes un peuple à la tête dure, mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »[2]

Oui, c’est bien la reconnaissance de cet amour et de cette fidélité qui est passé par la croix, qui nous fait naître à Dieu. La reconnaissance de cet amour qui a traversé nos aveuglements et nos résistances, cet amour qui guérit les infirmités et les blessures de nos âmes, cet amour qui rétablit nos cœurs dans la paix d’une relation vivante, dans un chemin de communion. Que tous soient un comme nous sommes un, disait le Christ dans sa prière et St Paul en sa lettre en tire directement la conséquence : « Soyez en accord entre vous, vivez en paix et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. »[3]

Notre vie de chrétien, est constamment placée au cœur du mystère de la Trinité, au cœur de ce chemin de communion. A chaque acte de foi, nous sommes replacés dans le don du Fils au Père, et l’Esprit Saint anime par ses gémissements ineffables notre désir et notre prière.

Car la mise en œuvre de cette vie Trinitaire nous entraîne dans un combat spirituel, le combat entre l’homme nouveau renaît de l’Esprit et le vieil homme obéissant aux tendances égoïstes, selon l’image de St Paul.

C’est au cœur de ce combat spirituel que la toute-puissance de Dieu est puissance de vie qui se met au service de l’homme afin que non seulement nous advenions à l’existence, mais aussi que nous effectuions notre pleine et véritable croissance humaine, afin de parvenir à la pleine stature en Christ.

Cette croissance est croissance en liberté, cette liberté nourrie et éclairée par l’amour divin et qui nous mène au travers et au-delà des épreuves, des contradictions, qui nous mène à travers le pardon sans cesse renouvelé. Croissance en liberté qui nous mène aussi dans la reconnaissance et l’action de grâce de pouvoir participer à cette vie divine et surtout, avec la conscience de nos humbles forces, de pouvoir participer au projet divin, à l’avènement de son Règne. Liberté en puissance d’amour et de vie qui nous fait désirer et tendre à vivre avec les autres à l’image de la Trinité bienheureuse.

Certes pour nous cela représente un combat spirituel à travers lequel l’amour nous blesse, nous révélant que nous ne sommes pas aussi libres et fidèles que nous le voudrions, mais cette blessure-là est l’ouverture par laquelle la Trinité en son mystère peut trouver place en nous et y faire sa demeure. C’est à travers cette blessure d’amour que l’Amour véritable peut nous guérir et nous transformer.

Oui, c’est grâce au Christ, que les uns et les autres nous avons l’accès auprès du Père dans l’Esprit Saint, ainsi nous ne sommes plus des étrangers, ni des émigrés ; nous sommes concitoyens des saints, nous sommes de la famille de Dieu.

Ainsi célébrer le mystère de la Trinité nous invite à changer notre regard, nous invite à repenser la teneur et la qualité de nos relations avec tout ce qui nous entoure, la teneur et la qualité de nos relations avec nos proches et nos lointains, la teneur et la qualité de nos relations avec Dieu et nous-mêmes.

 

[1] Jn 1, 18

[2] Ex 34, 4-9

[3][3] 2 Co 13, 11-13