La miséricorde — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La miséricorde

La miséricorde

Notre faiblesse nous a ouvert le Ciel, parce qu’elle a fait descendre sur nous la miséricorde de Dieu et nous a gagné son amour. Nos malheurs sont les semences de nos joies.














La miséricorde 

Notre faiblesse nous a ouvert le Ciel, parce qu’elle a fait descendre sur nous la miséricorde de Dieu et nous a gagné son amour. Nos malheurs sont les semences de nos joies. Le péché même a joué un rôle involontaire dans le salut des pécheurs, car l’on ne peut empêcher l’infinie miséricorde de Dieu de tirer le plus grand bien des pires maux.

Dieu a laissé le péché dans le monde pour qu’y règne le pardon ; non seulement le pardon secret par lequel Il purifie lui-même nos âmes, mais ce pardon manifeste que nous exerçons les uns envers les autres, exprimant ainsi le fait qu’Il est vivant, par sa miséricorde, en nos cœurs.

Certains sont justes assez vertueux pour oublier qu’ils sont pécheurs sans être assez malheureux pour se souvenir à quel point ils ont besoin de la miséricorde divine.

Tous les extrêmes se rencontrent dans la sainteté de Dieu, la justice et l’infinie miséricorde, l’amour infini et la haine infinie du péché, la force infinie et une compréhension sans borne de la faiblesse humaine.

Nous devons reconnaître et adorer la sainteté de Dieu en Le priant d’avoir pitié de nous, car sa pitié est le commencement de toute justice. Le prier d’être miséricordieux envers nous, c’est Le reconnaître comme Dieu. Demander sa pitié lorsque nous ne la méritons pas, c’est Lui demander d’être juste, d’une justice tellement sainte qu’elle ignore le mal et se montre miséricordieuse envers tous ceux qui ne la fuient pas, désespérés.

« Bienheureux les miséricordieux parce qu’ils obtiendront eux-mêmes miséricorde » (Mt 5, 7). Nous obtiendrons la miséricorde divine chaque fois que nous en aurons besoin, en étant miséricordieux envers les autres ; car à travers nous c’est la miséricorde de Dieu qui agit lorsqu’Il nous amène à les traiter comme Il nous traite. Sa miséricorde sanctifie notre pauvreté par la pitié que nous inspire, comme si elle était la nôtre, la pauvreté des autres ; véritable reflet de sa divine compassion dans nos âmes, qui détruit nos péchés en même temps que nous oublions et pardonnons ceux des autres.

Il est donc clair que seule la miséricorde de Dieu peut nous rendre juste au sens surnaturel, puisque la justice divine exige avant tout que nous acceptions sa miséricorde.

 

                                                                                            Thomas Merton, Nul n’est une île (extraits chap.11).

Traduction Marie Tadié. Le Seuil 1956.