Homélie pour la fête des saints fondateurs de Cîteaux — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Homélie pour la fête des saints fondateurs de Cîteaux

Homélie pour les Saints Fondateurs de Cîteaux

Avec nos ancêtres dans l’histoire...


Homélie pour les Saints Fondateurs de Cîteaux

Avec nos ancêtres dans l’histoire Homélie pour la fête des saints fondateurs de Cîteaux              


Frère Gérard ocso  Scourmont 26 janvier 2018  

 

Avec nos ancêtres dans l’histoire


1. Des hommes de miséricorde et des œuvres de justice (passé)


« Faisons l’éloge de ces hommes glorieux qui sont nos ancêtres. » Faisons l’éloge de nos saints Fondateurs de Cîteaux. Avec patience, courage et ténacité, ils ont supporté le poids du jour et de la chaleur. Robert eut à peine le temps de jeter en terre la semence de la nouvelle communauté qu’il dut retourner dans son monastère de Molesme. Albéric, durant les longues années de la germination, subit l’isolement, la pauvreté et sans doute aussi la lassitude, sans jamais pourtant désespérer de l’appel reçu. Étienne dut s’employer à gérer l’afflux des vocations, avec, parmi elles, des hommes à la forte personnalité, comme Bernard de Fontaines, qui ne restera que quelques années à Cîteaux avant d’être envoyé fonder Clairvaux.
Tous les trois sont à l’origine de ce qui deviendra l’Ordre cistercien : Robert le visionnaire, Albéric le réalisateur et Étienne l’organisateur. C’est à eux que nous devons d’être présents aujourd’hui dans cette abbaye de Scourmont. L’appel que nous avons reçu est passé par eux, même si peut-être nous les connaissions encore bien peu quand nous sommes entrés au monastère.
Ils ont voulu tout quitter, se dépouiller de tout, pour suivre pauvres le Christ pauvre, ou encore plus radicalement, selon l’expression de saint Jérôme, suivre nus le Christ nu. Ils n’ont jamais recherché l’ascèse pour elle-même ; s’ils ont voulu se dépouiller du vieil homme, c’était pour revêtir l’homme nouveau, celui qui est créé dans le Christ. Même si le renoncement matériel n’est pas l’essentiel dans la vie cistercienne, il n’en est pas moins indispensable ; sans lui, le moine risque fort de vivre dans l’illusion et de s’égarer sur le chemin qu’il a pris sans jamais parvenir au but.
Nos Fondateurs se souvenaient aussi que, « lorsque le bienheureux Père Benoît apprend au moine à se rendre étranger aux actions du monde, il témoigne clairement que ces choses ne doivent pas avoir place dans les agissements ou dans le cœur des moines : l’étymologie de leur nom leur fait un devoir de les fuir » (Petit Exorde, 15, 6). Il ne s’agissait pas pour eux de vivre en dehors du monde, mais de se rendre étrangers à tout ce qui, dans le monde, sépare de Dieu et entraîne dans des voies sans issue.

2. Une ville dont Dieu constitue des fondations, image de la patrie céleste (futur)

Car ils savaient que leur patrie ne se situait pas sur cette terre, pas même à Cîteaux, ce lieu qu’ils aimaient pourtant par-dessus tout. Ils entendaient bien, après avoir déposé le fardeau de la chair, goûter le bonheur du repos éternel (cf. Petit Exorde, Prologue). S’ils étaient empressés à bâtir leur monastère terrestre, ils attendaient surtout « la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 10). Si le désert de Cîteaux constituait déjà pour eux le paradis sur terre, pourtant « ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux ». 

3. Il n’est pas facile d’entrer dans le Royaume des Cieux (présent)

La Lettre aux Hébreux promet aussi aux anciens « une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable ». Mais il n’est pas sûr que cette parole s’applique telle quelle à la famille cistercienne. Parfois, nous nous sentons plus proches de la parole de Jésus à ses disciples : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Le poids du jour et de la chaleur, nous devons le supporter nous aussi, en vivant dans la pauvreté et le renoncement à tout, en nous rendant étrangers aux affaires du monde. Chaque jour, nous sommes confrontés aux difficultés qui nous viennent de l’extérieur, et plus encore à celles qui nous assaillent de notre intérieur : nos limites, nos fautes, notre péché. À certains jours, tout semble se liguer contre nous pour nous faire abandonner cette route que nous avons prise vers la Jérusalem d’en haut. Nous connaissons bien l’itinéraire tracé par saint Benoît dans sa règle ; sur ce chemin, qui peut prendre l’allure d’un chemin de croix, nous retrouvons les traces de tous ceux qui l’ont emprunté avant nous : les empreintes de leurs pas englués dans la boue, le sang de leurs blessures qui n’en finissaient pas de guérir, la sueur de leurs fronts tendus par l’effort, ou même les lieux de repos pour leur corps épuisé.

4. Conclusion

Faisons l’éloge de nos Fondateurs et de tous ceux qui les ont suivis : ils nous ont ouvert un chemin, une route nouvelle vers la ville où tout ensemble fait corps, la maison du Seigneur où sont réunis dans la joie tous ceux qui ont suivi le Christ sur son chemin de croix. Avec lui, ils se sont dépouillés, avec lui ils se sont abaissés, devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix. Devenus fils dans le Fils unique, avec lui ils seront exaltés par leur Père, devenant eux-mêmes lumière pour ceux qui viendront après eux. Dieu n’aura pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’ils feront désormais partie de la famille divine.