L'Epiphanie — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Saint Bernard Sermon 3 pour le jour de l’Epiphanie (Extraits)

Mes frères, je crois nécessaire de vous exposer, selon ce que j'ai coutume de faire les autres jours de fête le sens de la solennité d'aujourd'hui...

L’Epiphanie

Saint Bernard Sermon 3 pour le jour de l’Epiphanie (Extraits)

 

 Mes frères, je crois nécessaire de vous exposer, selon ce que j'ai coutume de faire les autres jours de fête le sens de la solennité d'aujourd'hui. Quelquefois je parle contre les vices, ce genre de sermons est très utile mais il me paraît mieux convenir aux autres jours qu'à celui-ci. Les jours de fête et surtout dans nos plus grandes solennités, il vaut mieux s’appliquer dans les sermons à instruire et à toucher. Comment, en effet, pourriez-vous célébrer ce que vous ne connaîtriez point, et comment connaîtriez-vous ce dont on ne vous parle point ? Que ceux donc qui sont versés dans la connaissance de la loi, nous permettent de nous mettre à la portée de ceux qui le sont peu, comme l'exige la loi de la charité.

La solennité de ce jour tire donc son nom d'un mot qui signifie manifestation, car ce mot épiphanie n'a pas d'autre sens.

C'est donc aujourd'hui, comme nous l'avons vu dans l'Evangile, que les Mages vinrent à Jérusalem du fond de l'Orient. Il est bien juste sans doute que ceux qui viennent nous apprendre le lever du Soleil de justice, et remplir le monde entier de l'annonce de l'heureuse nouvelle, nous arrivent de l'Orient.

Comme les Mages s'informaient du Roi des Juifs, et comme Hérode de son côté s'informait auprès des scribes du lieu où devait naître le Seigneur, ceux-ci lui firent connaître le nom de la ville qu'avait indiquée le Prophète. Lorsque les mages se furent éloignés, après avoir quitté les Juifs, « voilà que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient, marchait devant eux. » Ces paroles nous donnent assez clairement à entendre qu'ils cessèrent d'avoir Dieu pour guide tant qu'ils s'enquirent auprès des hommes car le signe céleste leur fit défaut dès l'instant qu'ils se mirent en quête de renseignements humains. Mais à peine ont-ils quitté Hérode qu'ils sont remplis d'une grande joie, car l’étoile leur apparut marchant devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus de l’endroit, où était l'enfant, elle s'arrêta : « Entrant alors dans la maison, ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent (Mt 2,11). » Ô étrangers, d'où vient que vous agissez ainsi ? Nous n'avons point vu de foi pareille dans Israël. Ainsi la triste apparence de cette étable ne vous offusque point, non plus que la vue de ce pauvre berceau fait d'une crèche ? La présence de cette mère pauvre ni cet enfant à la mamelle, ne vous scandalisent donc point ?

Alors, dit l'Evangéliste « Ils ouvrent leurs trésors et ils lui offrent en présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe (Mt 2,11). » S'ils ne lui avaient offert que de l'or, peut-être auraient-ils paru avoir eu la pensée de venir en aide à la pauvreté de la mère, et lui donner les moyens d'élever son enfant. Mais comme ils lui offrent en même temps de l'or, de l'encens et de la myrrhe, il est évident que leurs offrandes ont un sens spirituel. En effet, l'or passe pour ce qu'il y a de plus précieux parmi les richesses des hommes ; c'est ce que, avec la grâce du Sauveur, nous lui offrons dévotement lorsque, pour son nom, nous renonçons entièrement aux biens de ce monde. Mais à présent il ne nous reste plus, après avoir si complètement foulé aux pieds les choses de la terre, qu'à rechercher avec une plus vive ardeur celles des cieux. Car c'est ainsi que nous pourrons lui offrir la bonne odeur de l'encens qui, selon saint Jean, comme nous le voyons dans son Apocalypse, représente les prières des saints. Voilà ce qui faisait dire au Psalmiste : « Que ma prière s'élève devant toi comme la fumée de l'encens (Ps 141,2) … Pour que notre sacrifice soit agréable et que notre offrande mérite d'être accueillie, il faut qu'à l'or et à l'encens s'ajoute encore la myrrhe, car bien qu'elle soit amère, elle n'en est pas moins fort utile, elle conserve le corps qui est mort à cause du péché et l'empêche de tomber en pourriture en tombant dans le vice. Qu'il suffise de ce peu de mots pour nous engager à imiter les offrandes des Mages.