Silence et espérance — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Silence et espérance

• A notre époque tout devient un « problème ». Temps d’inquiétude que le nôtre, nous l’avons voulu ainsi. Notre inquiétude ne nous est pas imposée par force du dehors. Nous l’imposons à notre monde, et les uns aux autres, du dedans de nous-mêmes.

 

La sainteté, par le temps qui court, signifie sans doute passer d’une zone d’inquiétude à une zone où il n’y a aucune inquiétude, ou peut-être signifie-t-elle : apprendre de Dieu à rester sans inquiétude au milieu de l’inquiétude.

Au fond, comme Max Picard le signale, la question revient probablement à ceci : vivre dans un silence qui concilie nos contradictions intérieures de manière que, tout en demeurant en nous, elles cessent d’être un problème (cf. Max Picard, le Monde du Silence, Presses Universitaires, 1953).

Les contradictions ont toujours existé dans l’âme de l’homme. Mais c’est seulement lorsque nous préférons l’analyse au silence qu’elles deviennent un problème constant et insoluble. Nous ne sommes pas destinés à résoudre toutes les contradictions, mais à vivre avec elles, à nous élever au-dessus d’elles, à les voir dans la lumière des valeurs extérieures et objectives qui les rend insignifiantes par comparaison. Le silence, alors, appartient à la substance de la sainteté. « Dans le silence et l’espérance se trempe la force des saints » (Es 30, 15).

 

Les paroles s’interposent entre deux silences : entre le silence des choses et le silence de notre être ; entre le silence du monde et le silence de Dieu. Lorsque nous avons vraiment rencontré et connu le monde dans le silence, les paroles ne nous séparent pas du monde, ni des autres hommes, ni de Dieu, ni de nous-mêmes parce que nous ne nous fions plus entièrement au langage pour contenir la réalité.

 

La Vérité sort du silence de l’être pour parvenir jusqu’à la présence tranquille et redoutable de la Parole. Puis s’enfonçant de nouveau dans le silence, la Vérité des paroles nous plonge dans le silence de Dieu.

                                                                                                                            

Thomas Merton, les chemins de la joie (Extraits).

Traduction par une moniale Bénédictine du Mont-Olivet, Plon Editeur (1961), (P. 84 à 87).