La Pentecôte — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La Pentecôte

Evangile et peinture

La Pentecôte …

Bernard de Clairvaux : Premier sermon pour le jour de la Pentecôte. (extraits)

Mes bien chers frères, nous fêtons aujourd'hui la fête du Saint-Esprit, elle mérite d'être célébrée avec toute sorte de sentiments de joie et de dévotion, car il n'est rien de plus doux en Dieu que son Saint-Esprit.


Bernard de Clairvaux

Premier sermon pour le jour de la Pentecôte. (extraits)

 

Mes bien chers frères, nous fêtons aujourd'hui la fête du Saint-Esprit, elle mérite d'être célébrée avec toute sorte de sentiments de joie et de dévotion, car il n'est rien de plus doux en Dieu que son Saint-Esprit. Il est la bonté même de Dieu, il n'est autre que Dieu même. Si donc nous fêtons la fête des saints, à combien plus forte raison devons-nous célébrer la fête de celui par qui tous les saints sont devenus saints ? Si nous vénérons ceux qui ont été sanctifiés, à combien plus juste titre devons-nous honorer celui qui les a sanctifiés ? Nous fêtons donc aujourd'hui l’Esprit-Saint qui est apparu sous une forme visible, tout invisible qu'il soit, et aujourd'hui, ce même Esprit-Saint nous révèle quelque chose de sa personne, comme le Père et le Fils s'étaient précédemment révélés à nous, car c'est dans la parfaite connaissance de la Trinité que se trouve la vie éternelle. Quant à présent nous ne la connaissons qu'en partie, et pour le reste qui nous échappe, que nous ne pouvons comprendre, nous le tenons par la foi. Pour ce qui est du Père, je le connais comme créateur de toutes choses, en entendant les créatures s'écrier toutes d'une seule voix : « C'est lui qui nous a faites, nous ne nous sommes point faites nous-mêmes (Ps 100,3), » et saint Paul, apôtre dire : « Ce qu'il y a d'invisible en Dieu est devenu visible depuis la création du monde, par la connaissance que les créatures en donnent (Rm 1,20). » Quant à son éternité et à son immutabilité, cela me dépasse trop pour que je puisse comprendre, car il habite dans une lumière inaccessible. Pour ce qui est du Fils, j'en sais, par sa grâce, de grandes choses, je sais qu'il s'est incarné. Quant à sa génération éternelle, qui pourra la raconter (Es 53,8) ? Qui peut comprendre que le Fils est égal au Père ? En ce qui regarde le Saint-Esprit, si je ne connais point la manière dont il procède du Père et du Fils, car cette connaissance admirable est si loin de mon esprit, et si élevée que je ne pourrai jamais y atteindre (Ps 138,8), du moins je sais quelque chose de lui, c'est l'inspiration. Il y a deux choses dans sa procession, c'est le lieu d'où il procède et celui où il procède. La procession du Père et du Fils se trouve, pour moi, enveloppée d'épaisses ténèbres, mais sa procession vers les hommes commence à devenir accessible à ma connaissance aujourd'hui, et elle est claire maintenant pour les fidèles.

 

Dans le principe, l'Esprit-Saint invisible manifestait sa venue par des signes visibles, il fallait qu'il en fût ainsi,  mais aujourd'hui, plus les signes sont spirituels, plus ils conviennent à leur nature, plus ils semblent dignes de lui. Il vint donc alors sur les apôtres sous la forme de langues de feu, afin qu'ils parlent dans la langue de tous les peuples des paroles de feu, et qu'ils annoncent avec une langue de feu une loi de feu. Que personne ne se plaigne que l'Esprit ne se manifeste plus à nous ainsi maintenant, « car le Saint-Esprit se manifeste à chacun selon qu'il est besoin (1 Co12,7). » Après tout, s'il faut le dire, c'est plutôt à nous qu'aux apôtres que s'est faite cette manifestation du Saint-Esprit. En effet, à quoi devaient leur servir ces langues des nations, sinon à convertir les nations ? Le Saint-Esprit s'est manifesté à eux d'une autre manière qui leur était plus personnelle, et c'est de cette manière là qu'il se manifeste encore en nous à présent. En effet, il devint clair pour tous qu'ils avaient été revêtus de la vertu d'en haut, quand on les vit passer d'une si grande pusillanimité à un tel courage. Ils ne cherchent plus à fuir, ils ne songent plus à se cacher, dans la crainte des juifs, bien loin de là, ils prêchent en public avec une assurance plus grande que la crainte qui les poussait naguère à se cacher. On ne peut douter que le changement opéré en eux ne soit l'œuvre du Très-Haut quand on se rappelle les craintes du prince des apôtres à la voix d'une servante, et qu'on voit aujourd'hui sa force sous les coups dont les princes des prêtres le font charger. « Les apôtres sortirent du conseil, tout remplis de joie de ce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus (Ac 5,41), » qu'ils avaient abandonné quand on le conduisait lui-même, devant le conseil, et laissé seul par leur fuite. Peut-on douter après cela, qu'ils aient été visités par l'Esprit de force qui seul a pu faire éclater une puissance invisible dans leur âme ? C'est de la même manière aussi que les choses que l'Esprit-Saint opère en nous rendent témoignage de sa présence en nous.

 

Comme il nous a été ordonné de nous détourner du mal et de faire du bien (Ps 36,27) voyez comment le Saint-Esprit vient au secours de notre faiblesse pour nous faire accomplir ces deux commandements, car si les grâces sont différentes, l'Esprit qui les donne est le même. Ainsi, pour nous détourner du mal, il opère trois choses en nous, la  repentance, la supplication et la rémission. En effet, le commencement de notre retour à Dieu est dans le repentir qui n'est certainement point le fruit de notre esprit, mais de l'Esprit-Saint : c'est une vérité que la raison nous enseigne et que l'autorité confirme.

 

Mais à quoi bon le repentir de sa faute, si on ne prie point pour en obtenir le pardon? Or, il faut encore que ceci soit opéré par le Saint-Esprit, pour qu'il remplisse notre âme d'une douce confiance qui la porte à prier avec joie et sans hésiter.

 

 Quant au bien, qu'est-ce que le Saint-Esprit opère en nous pour nous le faire faire ? Il nous avertit, il nous meut, il nous instruit. Il avertit notre mémoire, il instruit notre raison, il meut notre volonté. Toute l'âme est dans ces trois facultés. Pour ce qui est de la mémoire le Saint-Esprit lui suggère le souvenir du bien dans ses saintes pensées, et c'est par là qu'il secoue notre lâcheté et réveille notre torpeur. Aussi, toutes les fois que tu sentiras naître dans ton cœur le souvenir du bien, rends gloire à Dieu et hommage au Saint-Esprit, c'est sa voix qui retentit à tes oreilles, car il n'y a que lui qui parle de justice, et, comme dit l'Evangile : « Il vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit (Jn 14,26). » Mais remarque ce qui précède : « Il vous enseignera toutes choses  » Or, je vous ai dit qu'il instruit la raison. Il y en a beaucoup qui sont pressés de bien faire, mais ils ne savent ce qu'ils doivent faire, il leur faut, pour cela, encore une grâce du Saint-Esprit. Il faut qu'après nous avoir suggéré la pensée du bien, il nous apprenne à en venir aux actes, et à ne pas laisser la grâce de Dieu stérile dans notre cœur.

 

Mais, lorsque le Saint-Esprit, survenant ainsi en vous, se sera mis en possession de votre âme tout entière, lui suggérera de bonnes pensées, l'instruira et l'excitera, en faisant entendre constamment sa voix dans nos âmes, et que nous entendrons ce que le Seigneur Dieu dira au dedans de nous en éclairant notre raison et enflammant notre volonté. Ne vous semble-t-il pas alors qu'il aura rempli, de langues de feu, la maison entière de notre âme ?

 

 

Bernard de Clairvaux

Deuxième sermon pour le jour de la Pentecôte. (extraits)

C'est aujourd'hui que l'Esprit-Saint qui procède du Père, est descendu sur les apôtres dans la plénitude de sa majesté, et leur a fait part des dons de sa grâce. Après la magnificence de la résurrection, après les splendeurs de l'ascension, après la gloire décernée à Jésus dans le séjour des cieux, il ne nous restait plus qu'à voir enfin la joie des justes, depuis si longtemps attendue, et les hommes du ciel remplis des dons des cieux.

 

Mais, pour que tu ne te plaignes point de mon absence et que ton cœur n'en soit point attristé, je t'enverrai l'Esprit Paraclet, qui te donnera un gage de salut, la force de la vie, 1a lumière de la science: le gage du salut, c'est le témoignage que cet Esprit saint rendra à ton esprit que tu es fils de Dieu : ce sont les signes bien certains de prédestination qu'il imprimera et montrera dans ton cœur.

Il répandra la joie dans ton cœur et il arrosera, sinon constamment, du moins bien souvent, ton âme de la féconde rosée du Ciel. Il te donnera aussi la force de la vie en sorte que ce qui est impossible à la nature, par sa grâce, non seulement te deviendra possible, mais même te sera facile, et te fera marcher avec bonheur comme au sein de la richesse et de l'abondance, au milieu des travaux et des veilles, dans la faim et la soif et dans toutes les observances religieuses, qui sembleraient un plat de mort si elles n'étaient édulcorées par cette douce farine. Il te donnera enfin la lumière de la science qui te fera dire, quand tu auras tout fait comme il faut que ce soit fait, que tu es un serviteur inutile. Cette lumière de science qui t'empêchera de t'attribuer le bien que tu pourras trouver en toi, attendu que tout bien vient de lui, de lui, dis-je, sans qui non seulement tu es incapable de commencer le moindre bien, mais de commencer quelque bien que ce soit, bien loin de pouvoir le mener à bonne fin. Voilà donc, comment cet esprit t'instruira en ces trois choses, de toutes choses. Oui, de tout ce qui a rapport à ton salut, car c'est en ces trois choses que se trouve la perfection pleine et entière.

Bernard de Clairvaux

Troisième sermon pour le jour de la Pentecôte. (extraits)

 Il y a trois choses dans l'œuvre de ce monde qui doivent attirer nos pensées : qu'est ce que le monde, comment existe-t-il, et pourquoi a-t-il été fait ? Dans la création des êtres éclate, d'une manière admirable, la puissance qui a créé tant et de si grandes choses, en si grand nombre et avec tant de magnificence. Dans la manière dont elles ont été faites, se montre une sagesse unique qui a placé les uns en haut, les autres en bas et d'autres encore au milieu. Si nous réfléchissons sur la fin pour lesquelles toutes ces choses ont été faites, nous trouvons, en elles toutes, la preuve d'une si utile bonté et d'une si bonne utilité, qu'il y a en elles de quoi accabler sous la multitude et la grandeur des bienfaits dont elles sont pleines pour nous, les plus ingrats des hommes. Dieu a donc montré sa puissance infinie, en faisant tout de rien, d'une sagesse égale, en ne faisant rien que de beau, et d'une bonté pareille à sa sagesse et à sa puissance, en ne créant rien que d'utile. Mais nous savons qu'il y eut, dès le commencement, et nous voyons tous les jours qu'il y en a beaucoup parmi les enfants des hommes, que les biens de l'ordre mystérieux et sensible de la nature tiennent courbés sous les jouissances sensuelles, bien des hommes, dis-je, qui se sont donnés tout entiers aux choses créées sans se demander jamais ni comment, ni pourquoi elles ont été créées. Comment les appellerons-nous, sinon hommes charnels ? Il y en a bien quelques-uns, je pense, et l'histoire nous apprend qu'il en a existé plusieurs dans ces dispositions-là, dont le goût unique et la suprême occupation sont de rechercher ce que Dieu a fait, et comment il l'a fait, d'une manière si exclusive, que non-seulement, pour la plupart, ils ont négligé de s'enquérir de l'utilité des choses, mais sont allés même jusqu'à les mépriser avec magnanimité, et à se contenter d'une nourriture à peine suffisante et vile. Ces gens-là se sont donné à eux-mêmes le titre de philosophes ; quant à moi, pour les appeler par leur véritable nom, je dirai que ce sont des hommes curieux et vains.

 

A ces deux espèces d'hommes en ont succédé de beaucoup plus sages qui, comptant pour peu de chose de savoir ce que Dieu a fait et comment il l'a fait, ont appliqué toute la sagacité de leur esprit à découvrir pour quelle fin il l'a fait, aussi ne leur a-t-il point échappé que tout ce que Dieu a fait, il l'a fait pour lui et pour les siens; non pas toutefois de la même manière pour lui que pour les siens. Quand nous disons qu'il a fait tout pour lui, notre pensée se reporte à celui qui est l'origine et la source même des choses; et quand nous disons il a fait « tout pour les siens, » nous avons en vue les conséquences de ce qu’il a fait. Il a donc fait toute chose pour lui, par pure bonté, et il a fait toutes choses pour ses élus, c'est-à-dire en vue de leur utilité, en sorte que dans le premier cas, nous avons la cause efficiente des êtres, et dans le second nous en trouvons la cause finale. Les hommes spirituels sont donc ceux qui usent de ce monde comme s'ils n'en usaient pas, et qui cherchent Dieu dans la simplicité de leur âme, sans se mettre beaucoup en peine de savoir de quelle manière tourne la machine du monde. Ainsi les premiers sont pleins de volupté, les seconds de vanité et les troisièmes de vérité.

 

Je suis heureux, mes frères, que vous apparteniez à l'école de ces derniers, c'est-à-dire à l'école du Saint-Esprit, où vous apprendrez la bonté, la discipline et la science et où vous pourriez vous écrier : j'ai eu plus d'intelligence que tous ceux qui m'instruisaient (Ps 118,99).

 

Mais comme le pouvoir des miracles est accordé quelquefois à certains hommes, sans qu'ils s'en servent pour leur propre salut, le Saint-Esprit se communique en troisième lieu à nous, pour le salut, lorsque nous nous convertissons au Seigneur notre Dieu de tout notre cœur. Il nous est donné pour l'aide, lorsqu'il vient au secours de notre faiblesse dans toutes nos luttes, mais lorsqu'il rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu, il vient à nous pour la consolation. Il se donne enfin pour la ferveur, lorsque dirigeant son souffle puissant dans le cœur des saints, il y allume le violent incendie de l'amour qui fait que nous nous glorifions non seulement dans l'espérance des enfants de Dieu, mais même dans nos tribulations, recevant les humiliations comme un honneur, les affronts comme une joie, les humiliations enfin comme une élévation. Nous avons tous reçu le Saint-Esprit pour le salut, si je ne me trompe, mais je ne pense pas qu'on puisse dire de même que nous l'avons tous reçu pour la ferveur. En effet, il y en a bien peu qui soient remplis de ce dernier esprit-là, et bien peu qui cherchent à l'avoir. Satisfaits dans les entraves où nous nous trouvons, nous ne faisons rien pour respirer en liberté, rien même pour aspirer à cette liberté. Prions donc, mes frères, que les jours de la Pentecôte, ces jours de détente et de joie, ces vrais jours de jubilé s'accomplissent en nous. Puisse le Saint-Esprit nous retrouver toujours tous ensemble, unis de corps, unis également de cœur, et rassemblés dans le même lieu, en vertu de notre promesse de stabilité, à la louange et à la gloire de l'Epoux de l'Église, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est élevé par dessus tout, étant Dieu, et béni dans tous les siècles.

 

 

Guerric d’Igny

Deuxième sermon pour la Pentecôte. (extraits)

 

« Les apôtres redisaient en diverses langues les grandes œuvres de Dieu (Ac 2,1-11) » c’'est-à-dire leurs langues parlaient de l'abondance de leurs cœurs. Les louanges du Seigneur éclataient sur leurs lèvres parce que la charité de Dieu était répandue dans leur cœur. O Seigneur, mon Dieu, moi aussi, je vous louerais pareillement, si j'avais bu comme eux. Mais, parce que mon âme est desséchée, ma langue est tiède.

 

 

Aelred de Rielvaux

Sermon 66 Pour la Pentecôte (extraits)

 

En ce qui concerne la totalité du créé (ce que l’on appelle le monde), pour autant qu’on puisse en parler, il convient de s’interroger sur trois choses seulement : qui l’a créé, comment et pourquoi l’a-t-il créé ? Qui en est l’unique artisan ? Quel en est l’art ? Quel en est le motif ? On ne peut rien demander au sujet du temps, car avant le monde, il n’y a pas de temps ; ni au sujet du lieu, car hors du monde il n’y a pas de lieu. C’est pourquoi sur ces trois points pouvant faire l’objet d’une question, la Sainte Ecriture n’a pas gardé le silence. Si tu cherches qui a créé le monde elle répond : c’est Dieu. « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre (Gn1,5). » Si tu cherches de quelle façon, elle précise : « il dit, et cela fut fait (Ps 32,9). » Si tu t’interroges sur le motif, écoute l’Ecriture : «  Dieu vit que cela était bon (Gn 1,10). » Ainsi l’auteur est Dieu ; l’art le Verbe ; le motif, que cela était bon. Et comme le dit un saint : « Il n’y a ni auteur plus excellent que Dieu, ni art plus efficace que le Verbe de Dieu, ni meilleur motif que ceci : ce qui est bon est créé par Celui qui est bon.(saint Augustin) » dans le nom de Dieu, nous entendons le Père, dans le Verbe le Fils, dans la bonté l’Esprit saint.

 

 

Aelred de Rielvaux

Sermon 67 Pour la Pentecôte (extraits)

 

Que cet Esprit Saint et tout puissant nous assiste… Que nous assiste sa force dans les adversités, sa lumière dans le doute, sa modération dans la prospérité, sa consolation dans les tribulations, sa protection dans les tentations et que, par cette protection, il discipline notre vie.   

          

 

Isaac de l’Etoile

Troisième sermon pour le jour de la Pentecôte (extraits)

 

« La Charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. (Ap 3,20) » Il ne suffisait pas mes bien-aimés, que le Fils de Dieu nous fut donné selon la parole : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. (Mc 12,44) » il fallait encore que l’Esprit Saint nous fut également accordé.