Le recueillement — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Le recueillement

Le recueillement est une mise en harmonie de toute notre âme avec ce qui est au-delà et au-dessus de nous. C’est une « conversion », un mouvement de notre être vers les choses spirituelles et vers Dieu.

Le recueillement est une mise en harmonie de toute notre âme avec ce qui est au-delà et au-dessus de nous. C’est une « conversion », un mouvement de notre être vers les choses spirituelles et vers Dieu.

On reconnaît le vrai recueillement à ses effets : paix, silence intérieur, tranquillité de cœur. L’esprit recueilli est tranquille et détaché, au moins dans ses profondeurs. Il est calme car ses passions sont temporairement apaisées. Elles troublent au plus la surface de l’âme recueillie. Mais comme ce sont l’humilité, la charité et la plupart des autres vertus chrétiennes fondamentales qui engendrent les fruits du recueillement, il est clair qu’il ne peut exister de recueillement vrai si ces vertus ne lui donnent substance et actualité.

Le recueillement est davantage que le simple fait de rentrer en soi, il ne signifie pas nécessairement refus ou exclusion des choses extérieures. Nous sommes parfois plus recueillis, plus paisibles, plus simples et plus purs, lorsque nous voyons Dieu à travers les choses extérieures qu’en nous détournant d’elles et en refusant d’y penser.

 

Le recueillement ne devrait pas être considéré comme une absence, mais comme une présence. Il nous rend, d’abord, présents à nous-mêmes, et aux réalités les plus importantes du moment où nous vivons.

Puis il nous rend présents à Dieu, et à tout en Lui.

Nous devons, d’abord, être présents à nous-mêmes. Les soins et les préoccupations de la vie nous font sortir de nous-mêmes et, aussi longtemps que nous nous adonnons à eux, notre esprit ne nous appartient pas. Le présent nous appartient ; nous pouvons saisir tout ce qu’il nous offre, et seul le recueillement nous donne la force de le faire. Ainsi donc le recueillement me rend présent à tout ce qui a une réalité considérable dans mon existence. Si nous commençons notre travail dans la paix et le recueillement, le cœur élevé vers Dieu par la prière et l’intention pure, nous éviterons bien des soucis néfastes et des préoccupations inutiles.

L’anxiété est fatale au recueillement parce qu’il dépend finalement de la foi, et que l’anxiété ronge le cœur de la foi. Il est beaucoup simple d’agir avec un peu de bon sens ; de travailler pour l’amour de Dieu tout en nous gardant détachés des anxiétés et des soucis que soulève le travail, sans trop nous occuper de notre état spirituel.

Le recueillement nous rend également présent à Dieu, et à nous-mêmes en Lui.

La foi nous établit dans le recueillement, non en imposant des limites à l’activité de l’âme, mais en levant toutes celles de l’intelligence et de la volonté, en libérant l’esprit du doute et la volonté des hésitations afin que, délivrés par Dieu, nous plongions dans les profondeurs de Son invisible liberté.

 

                                                                                   Thomas Merton, Nul n’est une île                                                                                                         (extraits chap.12).

                                                                      Traduction Marie Tadié. Le Seuil 1956.