La vie dans le Christ — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La vie dans le Christ

Vivre « dans le Christ », c’est vivre dans un mystère qui ressemble à l’Incarnation. Car de même que le Christ unit, dans sa seule Personne les deux natures divine et humaine, de même, en faisant de nous ses amis, Il demeure en nous et nous unit intimement à Lui. Il devient ainsi, en quelque sorte, notre moi le plus élevé, car Il nous a uni et identifié à Lui. A partir du moment où nous avons répondu, par la foi et la charité, à son amour pour nous, l’union surnaturelle de nos âmes avec sa divine personne intime nous fait participer à sa filiation et à sa nature divines. Un « être nouveau » est né. Je deviens un « nouvel homme », et ce nouvel homme, qui est du point de vue spirituel et mystique une seule personnalité, est à la fois le Christ et moi.

Le Nouveau Testament et l’enseignement de l’Eglise expliquent, à l’intelligence du croyant, que cette union spirituelle de mon être au Christ pour former un « homme nouveau » est l’œuvre du Saint-Esprit, l’Esprit d’amour, l’Esprit du Christ.

Pour employer une métaphore fondée sur l’Ecriture, le Christ Lui-même m’insuffle son Esprit. Et la mission toujours renouvelée de l’Esprit dans l’âme en état de grâce doit être comprise par analogie avec la respiration naturelle qui renouvelle sans cesse, d’instant en instant, la vie de notre corps. Le mystère de l’Esprit est un mystère d’amour généreux. Il nous « insuffle » secrètement son amour, et nous Le transmettons aux autres par le don de notre charité. Ainsi donc notre vie dans le Christ consiste à recevoir et à donner. Nous recevons la grâce de Dieu dans l’Esprit et, dans ce même Esprit, nous rendons à Dieu notre amour par l’intermédiaire de nos frères.

Rien n’est plus facile au monde que de posséder cette vie et cette joie puisqu’il suffit seulement de croire et d’aimer ; et pourtant certains perdent leur temps en efforts, difficultés et sacrifices effroyables pour obtenir des choses qui rendent impossible la véritable vie.

C’est l’une des principales contradictions que le péché apporte à nos âmes : nous devons nous faire violence pour nous empêcher d’obtenir, par d’inutiles efforts, ce qui est amer et sans joie, et nous contraindre à accepter ce qui est facile et heureux comme si c’était contraire à nos intérêts, car la politique du moindre effort nous conduit aux plus dures épreuves, et un acte très facile en soi peut être la chose la plus pénible du monde.

Thomas Merton, Semences de contemplation (extraits)
Traduction par Marie Tardié, Editions du Seuil (1963) p.120-123