La Toussaint 2 — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La Toussaint 2

Evangile et peinture

La Toussaint …


Abbaye Notre-Dame de Cîteaux 2017

La fête de La Toussaint est très ancienne et elle a bien des avantages. Le premier, c’est de nous montrer que la sainteté n’est pas quelque chose de rare ou d’exceptionnel...

                                       La   Toussaint … 

 

               

Abbaye Notre-Dame de Cîteaux 2017

La fête de La Toussaint est très ancienne et elle a bien des avantages. Le premier, c’est de nous montrer que la sainteté n’est pas quelque chose de rare ou d’exceptionnel. Le livre de l’Apocalypse nous parle d’une foule immense, impossible à dénombrer, si bien qu’il n’y a pas assez de jours dans l’année pour que chaque saint ait son jour à lui. D’où l’idée de les célébrer tous ensemble en un seul jour dans une grande fête que nous appelons La Toussaint.

Un second avantage et non des moindres, c’est que La Toussaint nous oblige à changer notre regard sur ce qu’est la sainteté. Quand on célèbre les saints un par un, on risque trop de penser qu’il faut faire des choses extraordinaires pour devenir saint. On voit chaque jour un grand saint ou une grande sainte – François d’Assise, Thérèse d’Avila, Bernard de Clairvaux, Jean-Paul II, Maximilien Kolbe…des fondateurs d’ordres religieux, des papes, des martyrs… - Tous ont fait des choses vraiment extraordinaires. Du coup, on risque de penser : je ne suis qu’un homme ordinaire, la sainteté ce n’est pas pour moi. Mais si, c’est pour toi ! C’est pour nous tous ! C’est notre vocation à tous ! La vocation de tous les chrétiens : être saint comme le Seigneur est saint.

Oui, tous saints, car la sainteté est à notre portée, à tous. Ce n’est pas de faire des choses extraordinaires. Ce n’est pas de fonder un Ordre religieux comme Thérèse d’Avila, d’être stigmatisé comme saint François d’Assise, d’avoir une correspondance avec tous les grands de ce monde comme saint Bernard, de rassembler des millions de jeunes autour de lui comme saint Jean-Paul II, ni même de mourir martyr comme saint Maximilien Kolbe… c’est de faire de l’ordinaire de nos jours des jours extraordinaires. Comment ? Avec les plus petites choses que j’ai à faire chaque jour : dire bonjour, un bonjour qui soit un vrai bonjour ; dire merci, un vrai merci ; demander pardon, une vraie demande de pardon ; heureux les miséricordieux, dit Jésus, ils obtiendront miséricorde ! Et saint Benoît dit : rentrer en paix avant le coucher du soleil avec qui on a eu un désaccord. Saluer un frère avec le sourire ; organiser ma journée en donnant la priorité non pas à ce qui me plaît mais à ce qui mérite d’avoir la priorité ; accepter sans tristesse qu’on puisse penser ou faire autrement que moi ; obéir volontiers à mon chef d’emploi ; accepter sans tristesse qu’un autre puisse réussir là où moi j’ai échoué ; consoler les affligés ; heureux ceux qui pleurent, dit Jésus, ils seront consolés ! Vous voyez comment les béatitudes se monnaient chaque jour dans les petites choses de la vie qui, aux yeux de Dieu, sont les graines de la Vie éternelle et donc de la sainteté ! « Il n’y a aucune limite à la grandeur spirituelle tant qu’on se concentre sur les petites choses », dit saint Ignace.

Un troisième avantage de la fête de La Toussaint, c’est celui que l’apôtre saint Jean nous indique au commencement de la deuxième lecture : Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père ! Cela aussi, frères et sœurs, est fondamental sur le chemin de la sainteté. Pourquoi ? Parce que ça déplace notre manière habituelle de voir, ça change la direction de notre regard à 180 degrés. Au lieu de soupeser notre amour pour Dieu, il faut grand ouvrir nos yeux sur l’amour de Dieu pour nous. Ce qui change tout, ce n’est pas de nous tendre vers un Dieu que nous voulons aimer, c’est de nous détendre dans un Dieu qui nous aime. C’est le fait de se découvrir aimé par lui tendrement, infiniment, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer ou ressentir. C’est l’expérience que saint Paul a faite sur le chemin de Damas et qu’il rapporte dans la lettre aux Romains en disant : Si Dieu nous a tant aimés alors que nous étions ses ennemis, qu’en sera-t-il maintenant que nous sommes devenus ses amis ?

Peut-être avez-vous lu le petit livre d’Eloi Leclerc qui s’appelle Sagesse d’un pauvre ? A un moment, François d’Assise demande à Frère Léon : Sais-tu, frère, ce qu’est la pureté du cœur ? Léon répond : C’est de ne pas avoir de faute à se reprocher. Ça veut dire que frère Léon a le regard sur lui. François lui rétorque : Alors, je comprends ta tristesse, car on a toujours quelque chose à se reprocher. – Oui, dit Léon, et cela précisément me fait désespérer d’arriver un jour à la pureté du cœur. – Frère Léon, crois-moi, répartit François, ne te préoccupe pas tant de la pureté de ton âme. Tourne ton regard vers Dieu. Réjouis-toi de ce qu’il est, lui, toute sainteté. Rends-lui grâce à cause de lui-même. C’est cela même, petit frère, avoir le cœur pur. Et quand tu es ainsi tourné vers Dieu, ne fais surtout aucun retour sur toi-même. Ne te demande pas où tu en es avec Dieu. La tristesse de ne pas être parfait et de se découvrir pécheur, est encore un sentiment humain, trop humain. Il faut élever ton regard plus haut, beaucoup plus haut. Il y a Dieu, l’immensité de Dieu et son inaltérable splendeur. Le cœur pur est celui qui ne cesse d’adorer le Seigneur vivant et vrai. Il prend un intérêt profond à la vie même de Dieu et il est capable, au milieu de toutes ses misères, de vibrer à l’éternelle innocence et à l’éternelle joie de Dieu.

Voilà la béatitude des cœurs purs ! Un tel cœur est à la fois dépouillé et comblé. Il lui suffit que Dieu soit Dieu. En cela même, il trouve toute sa paix, tout son plaisir. Et Dieu lui-même est alors toute sa sainteté.

Comme c’est simple, frères et sœurs, la sainteté ! Tourner notre regard vers Dieu et voir comme il nous aime. Faire toutes les petites choses de chaque jour de façon extraordinaire, en y mettant le sel de l’amour.