Ces cinq jours...Rameaux, Jeudi Saint ... — Avec Benoît et les Pères cisterciens

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Avec Benoît et les Pères cisterciens
Menu
Navigation

Ces cinq jours...Rameaux, Jeudi Saint ...

Ces cinq jours : Rameaux, Jeudi Saint, Vendredi Saint, Sépulture, Résurrection…

Si Dieu a tout fait et réglé avec nombre, poids et mesure, c'est particulièrement en ce qui a rapport au temps où il s'est montré sur la terre ....

Ces cinq jours : Rameaux, Jeudi Saint, Vendredi Saint, Sépulture, Résurrection…

   Si Dieu a tout fait et réglé avec nombre, poids et mesure, c'est particulièrement en ce qui a rapport au temps où il s'est montré sur la terre, pour y vivre au milieu des hommes qu'il a réglé tout ce qu'il a fait, dit et souffert parmi eux, de telle sorte qu'il n'y eût pas un moment de sa vie, pas un iota de ce qu'il a dit, qui fût sans une signification sacramentelle et mystérieuse. Toutefois, les jours qu'il a plus particulièrement mis en lumière à nos yeux sont au nombre de cinq, en comptant celui où je vous parle. Ce sont ceux de sa marche triomphale, de la cène, de sa passion, de sa sépulture, et de sa résurrection, jours évidemment remarquables entre tous, et les plus insignes de sa vie entière. Le premier de ces cinq jours où il a daigné recevoir les hommages des hommes, non point à pied, comme il l'avait fait jusqu'à lors, mais monté sur un âne, dans les murs de Jérusalem, au milieu des transports de joie et des chants de triomphe de la population toute entière. Mais cette entrée triomphale fut le prélude de sa Passion, car elle ralluma contre lui la haine des princes des prêtres. Nous lisons, il est vrai, dans un autre endroit de l'Evangile, qu'ayant appris que la foule allait venir le prendre pour le faire roi, il s'enfuit pour ne pas être élevé sur le trône (Jn 6, 15). Aujourd'hui qu'on ne le recherche plus il se présente de lui-même et veut être accueilli comme Roi d'Israël, et proclamé tel par toutes les bouches, que dis-je, il fait plus encore, car il n'est pas douteux qu'il porta lui-même les Juifs à faire entendre ces acclamations sur son passage. Jésus tient à peu près la même conduite pour sa passion. En effet, tantôt il s'éloigne, et se cache des Juifs, et ne veut plus se montrer en public dans la Judée, parce qu'on cherchait à le faire mourir (Jn 7,1), et tantôt lorsqu'il sait que son heure est venue, comme un homme qui est complètement maître de faire ce qu'il veut, il vient de lui-même au devant de la Passion. Il convenait, en effet, que nous eussions un grand Prêtre, qui fût soumis aux mêmes épreuves que nous en toutes choses, à l'exception du péché (He 4, 15), et que, comme les autres hommes, il sût à propos se soustraire ou s'exposer aux chances de la prospérité et aux coups de l'adversité, et nous donner, en sa personne, l'exemple salutaire de cette double conduite. En effet, s'il faut souvent, par l'esprit d'humilité, éviter les applaudissements du monde et fuir les prospérités du siècle, il est juste aussi parfois de les accepter, cela peut se trouver dans l'ordre. De même il est quelquefois prudent, selon les temps et les lieux, de fuir la persécution des hommes, et quelquefois nécessaire de la souffrir avec courage.

Or, c'est dans ces deux choses, je veux dire dans la prospérité et dans l'adversité, que se résume à peu près toute la vie de l'homme, et c'est dans la pratique de ces quatre alternatives que consiste toute notre vertu.

Bernard de Clairvaux. Troisième sermon pour le dimanche des rameaux (Extraits)