La Transfiguration du Seigneur — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La Transfiguration du Seigneur

Frère Bruno ocso.

Ce texte est vraiment saisissant mais il est aussi et surtout très énigmatique.

Frère Bruno ocso.

   Ce texte est vraiment saisissant mais il est aussi et surtout très énigmatique. En cela, il est bien dans la ligne de l’évangile de Marc où Jésus ne fait pas de grands discours et raconte des paraboles souvent obscures pour ses auditeurs et ne s’en explique qu’avec ses disciples. Pour saint Marc, l’identité de Jésus se dévoile lentement jusqu’à ce point ultime où, au pied de la croix, à sa mort, un centurion pourra s’écrier « vraiment celui-ci était le Fils de Dieu ».  Aujourd’hui, nous sommes cependant à un tournant de ce témoignage : d’une part, Pierre vient de formuler une première confession en déclarant que Jésus est Messie et, pour la première fois aussi, Jésus a expliqué à ses disciples que la mort sur cette croix l’attendait au bout du chemin sur lequel ils marchent ensemble.  De fait, à voir comment Jésus multiplie les guérisons, les gestes de pardon et les appels à la conversion mais ne s’attire que la vindicte des autorités et, finalement, l’incompréhension des foules, il paraît clair que tout ça finira mal. Après tout le prophète Élie qui a parcouru la Galilée longtemps avant Jésus s’est affronté lui-même à la résistance de ses contemporains au premier rang desquels on trouvait le roi. Jusqu’au jour où il a fallu fuir devant les menaces de mort. Jésus qui voit clair depuis le premier jour explique donc à ses disciples qu’il sait où il va lui aussi mais en réalité, les disciples n’ont rien compris non plus. Tout cela les dépasse.  Ils sont un peu comme le peuple perdu dans le désert dont le livre des Nombres nous parlait hier, ils viennent pleurer devant Moïse car ils ont des préoccupations simples : on veut manger et on veut boire. Et finalement, on les comprend un peu de ne pas comprendre.

  Notre vie humaine est déjà complexe, nous peinons sur le chemin, pris entre nos rancunes, nos duretés, la difficulté qu’il peut y avoir à s’aimer, même quand on est attirés l’un par l’autre. En réalité une grande partie de nos existences se passe à chercher le mode d’emploi de la vie et quand nous parvenons à dépasser nos superficialités pour chercher un peu de sagesse, nous découvrons vite que la sagesse commence quand on s’en tient à des ambitions modestes même en ce qui concerne nos plus nobles aspirations. La sagesse commence quand nous acceptons de n’être que ce que nous sommes : des êtres pleins de richesses mais également frivoles, versatiles, toujours râleurs, volontiers filous et très vite violents. Ce n’est qu’en reconnaissant cela qu’on peut commencer à bouger un tout petit peu. Alors oui, ce Jésus il pousse le bouchon un peu trop loin avec ses guérisons qui laissent miroiter un autre avenir que la vie de handicapés de la relation à laquelle il faut se résigner. Or, voilà qu’aujourd’hui Jésus se révèle être le secret de la persévérance de Moïse qui malgré sa lourdeur a guidé le peuple jusqu’au seuil de la terre promise mais sans y entrer lui-même. C’est après avoir vu Jésus que son visage aussi s’est mis à rayonner. Jésus se révèle aussi être la détermination d’Élie qui choisit un disciple pour lui succéder et ne renonce pas à appeler à la fidélité. Et nous voyons ainsi que Jésus est le modèle dont nous n’avions eu jusqu’ici que les copies. Oui, il saura mener son groupe de disciples lourds et obtus jusqu’à ce Royaume où lui entrera le premier. Il transmettra les clefs du royaume des cieux à ce grand gaffeur de Simon-Pierre et les clefs ne se perdront pas. Mais surtout, il nous révèle qu’il ne faut pas viser trop bas. Que ressaisie par la puissance de Dieu notre chair humaine rayonnera d’une splendeur dont nous n’avons pas idée.  Il nous révélera que nous valons bien plus que ce que nous croyons. La brutalité dont nous faisons preuve si souvent est le revers d’un immense désir que nous tenons trop à l’étroit dans des aspirations étriquées. Il faut d’urgence ouvrir les fenêtres de nos cœurs pour que tout cela prenne son plein développement. Mais ça passera par la croix, non comme une fatalité mais comme le rocher sur lequel la bêtise et la méchanceté viendront buter comme une vague mais sans l’entamer. L’amour ne peut répondre à la violence par la même violence. Il tient bon, c’est tout. Le mal passera mais pas l’amour de Dieu.

 

 

La Transfiguration du Seigneur :

 

Mc 9,2-10

                                                                                                                   

Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu venu avec puissance. »  Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.  Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.  Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.  Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». 

 


Lc 9,28b-36)

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.