Nous formons tous un seul homme — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Nous formons tous un seul homme

L’un des paradoxes de la vie mystique est qu’un homme ne peut pénétrer au plus profond de lui-même, et de là, en Dieu, s’il ne sort pas entièrement de lui en se dépouillant pour se donner aux autres dans la pureté d’un amour désintéressé.
Aussi l’une des pires illusions de la vie contemplative serait-elle d’essayer de trouver Dieu en se repliant sur soi-même, en écartant toutes les réalités extérieures à force de concentration et d’efforts de volonté, pour se séparer du monde et des autres en rentrant en soi-même comme une tortue.
Heureusement, la plupart de ceux qui s’y efforcent ne réussissent pas. Car l’autosuggestion est exactement le contraire de la contemplation. Nous entrons en possession de Dieu lorsqu’Il imprègne de Sa lumière et de Son feu infinis toutes nos facultés. Nous ne Le « possédons » que lorsqu’Il prend entièrement possession de nous. Mais anesthésier notre esprit et le couper de tout ce qui vit ne fait que nous engourdir. Or, comment le feu pourrait-il enflammer ce qui est gelé ?
Plus je m’identifie à Dieu, plus je m’identifierai à tous ceux qui se sont identifiés à Lui. Son amour vivra en nous tous. Son Esprit sera notre Vie, notre seule Vie à tous en même temps que la Vie de Dieu.
Et nous nous aimerons les uns les autres, et nous aimerons Dieu de l’amour même dont Il S’aime, et dont Il nous aime. Cet amour, c’est Dieu Lui-même.
Le Christ a prié afin que tous les hommes fussent unis comme Il l’est avec Son Père, dans l’unité du Saint-Esprit. Aussi lorsque nous devenons ce que nous sommes destinés à être, nous nous apercevons non seulement que nous aimons parfaitement notre prochain, mais que nous vivons tous dans le Christ et le Christ en nous, formant tous Un seul Christ. Nous voyons que c’est Lui qui aime en nous.

Thomas Merton, Semences de contemplation (extraits),
Traduction par Marie Tadié, Editions du Seuil (1963) p.54-55