Mesure de la charité — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Mesure de la charité

La charité est la vie et la richesse du Royaume de Dieu où les premiers sont les derniers: c’est-à-dire ceux qui n’ont rien gardé pour eux, que leur désir de donner.

La charité est la vie et la richesse du Royaume de Dieu où les premiers sont les derniers : c’est-à-dire ceux qui n’ont rien gardé pour eux, que leur désir de donner.

Celui qui essaie de garder ce qu’il est et ce qu’il a pour lui, enfouit son talent. Lorsque le Seigneur viendra le juger, Il verra que ce serviteur ne possède rien de plus que ce qu’il avait au commencement de sa vie. Mais Il jugera ceux qui se sont diminués en donnant ce qu’ils avaient comme ayant fait fructifier leurs talents. Et à ceux-là, sera donné ce que le serviteur inutile a gardé pour lui.

Aucun effort de notre part ne peut rendre notre amour parfait. La paix, la certitude, la liberté, l’intrépidité de la charité pure, sont des dons de Dieu.

La charité fortifie ceux que nous aimons dans l’intégrité de leur être, leur contemplation, leur propre amour pour ceux qui sont unis en Dieu.

Il possède Seul le secret d’une charité qui nous fait aimer les autres, non seulement comme nous nous aimons, mais comme Il les aime. Et le commencement de cette charité est le désir de laisser ceux que nous aimons être parfaitement eux-mêmes, la résolution de ne pas les déformer pour les faire cadrer avec notre propre image.

Certains ne révèlent jamais le bien caché en eux, avant que nous ne leur donnions un peu du bien, c’est-à-dire de la charité, qui est en nous.

Nous sommes tellement les enfants de Dieu, qu’en aimant les autres, nous pouvons les rendre bons et aimants, malgré eux.

Si j’aime les hommes en Dieu, je peux les trouver sans m’éloigner de Lui. Si je cherche Dieu chez les hommes, je peux Le trouver sans m’éloigner d’eux. Dans les deux cas, lorsque la charité est pleinement mûrie, le frère que j’aime ne me distrait plus trop du Dieu en qui aboutit mon amour.

Jésus n’est pas venu chercher Dieu chez les hommes. Il les a entraînés à Lui en mourant pour eux sur la Croix. Toute charité a son foyer dans le Christ, parce qu’elle est Sa vie en nous. Il nous attire à Lui, nous unit les uns aux autres dans Son Esprit, et nous élève avec Lui, jusqu’à l’union au Père.

Le bien commun ne meut pas nos volontés. Mais « la charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Nous avons dans nos cœurs la charité que le Christ nous accorde, selon nos mérites, et l’Esprit demeure en nous, selon la volonté du Christ. C’est par le Saint-Esprit que nous aimons ceux qui sont unis à nous dans le Christ.

Avec la grâce de Dieu dans nos âmes, nous devons avant tout désirer plus de charité. C’est ce désir de voir croître en nous la charité, qui nous fait recevoir le Saint-Esprit, et l’effet de Sa venue est la soif d’une plus grande charité.

Nous vivons dans le Christ par l’Esprit, et notre charité devient parfaite lorsque nous participons parfaitement au mystère de la Résurrection, qui nous fait fils de Dieu.

 

 

                                                        Thomas Merton, Nul n’est une île (extraits chap.9).

                                                        Traduction Marie Tadié. Le Seuil 1956.