La vigne qu'un propriétaire avait plantée — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La vigne qu'un propriétaire avait plantée

La vigne qu’un propriétaire avait plantée

 

Dom André Louf, ocso. Homélie pour le 27ème dimanche ordinaire

La vigne qu’un propriétaire avait plantée était le peuple élu, le peuple d’Israël. C’est à cette vigne et à ce peuple-premier peuple élu-que Dieu avait envoyé son propre Fils : « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a envoyé son Fils unique », dira saint Jean, à la suite de tant de patriarches et de prophètes que ce même peuple n’avait guère écoutés. Il n’écouta pas non plus ce Fils unique mais le mit à mort, signant par là même sa propre mort. Car lorsque le propriétaire de la vigne revint, celui-ci leur enleva la vigne et la donna à d’autres vignerons : » Je vous l’affirme : « le Royaume des cieux vous sera enlevé et sera donné à un peuple qui donnera du fruit. »

Cet autre peuple qui produit des fruits, c’est aujourd’hui l’Eglise dont nous sommes les membres. La deuxième lecture que nous venons d’entendre, empruntée à saint Paul cite un certain nombre de ces fruits : « la paix de Dieu qui dépasse tout sentiment, tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu ». C’est l’unique fois dans le Nouveau Testament qu’apparait le terme de vertu, emprunté à la philosophie stoïcienne de l’époque, et que saint Paul tient à faire sien, et à consacrer par le fait même, car les fruits de l’Esprit ne sont pas étrangers aux vertus humaines. Au contraire, elles les assument et les couronnent d’une certaine façon.

C’est pour elles que le Fils est venu, envoyé par le Père, et c’est pour elles qu’il a été rejeté et mis à mort par les représentants du peuple élu. Mais sa mise à mort ne fut que le prélude de sa résurrection et d’une vie nouvelle qu’il était venu apporter, une vie nouvelle, une vie de ressuscités dont les fruits de l’Esprit seraient les signes qui ne trompent pas.

Nous les portons en nous depuis notre baptême, comme des germes et des semences qui ne cherchent qu’à se développer, au rythme que ce même Esprit vient imprimer à notre croissance spirituelle. Nous n’avons guère d’efforts à déployer pour promouvoir ce développement. Comme Jésus l’a précisé dans une autre parabole : « D’elle-même la semence se développe et pousse pour finir par porter du fruit. » Il suffit de la laisser faire son œuvre, rendant grâces au Seigneur de profiter ainsi des fruits que le premier peuple élu a refusé de porter. En vérité, le Royaume de Dieu est désormais donné à un peuple nouveau qui produira du fruit.

 

                                                                                           S’abandonner à l’amour –Méditations à Sainte-Lioba.  Editions Salvator