L'exemple de saint Benoît — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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L'exemple de saint Benoît

Saint Benoît a su interpréter avec perspicacité et de manière certaine les signes des temps de son époque quand il a écrit sa règle dans laquelle l’union de la prière et du travail devenait pour ceux qui l’acceptaient le principe de l’aspiration à l’éternité : ‘’ Ora et labora, prie et travaille ’’ … En lisant les signes des temps Benoît a vu qu’il était nécessaire de réaliser le programme radical de la sainteté évangélique … dans une forme ordinaire, dans les dimensions de la vie quotidienne de tous les hommes. Il était nécessaire que ‘’ l’héroïque’’ devienne normal, quotidien, et que le normal et le quotidien deviennent héroïques. De cette manière, père des moines, législateur de la vie monastique en Occident, il est devenu également pionnier d’une nouvelle civilisation. Partout où le travail humain conditionnait le développement de la culture, de l’économie, de la vie sociale, il lui ajoutait le programme bénédictin de l’évangélisation qui unissait le travail à la prière et la prière au travail…

En notre époque saint Benoît est le patron de l’Europe. Il l’est non seulement en considération de ses mérites particuliers envers ce continent, envers son histoire et sa civilisation. Il l’est aussi en considération de la nouvelle actualité de sa figure à l’égard de l’Europe contemporaine. On peut détacher le travail de la prière et en faire l’unique dimension de l’existence humaine. L’époque d’aujourd’hui porte en elle cette tendance… On a l’impression d’une priorité de l’économie sur la morale, d’une priorité du matériel sur le spirituel. D’une part, l’orientation presque exclusive vers la consommation des biens matériels enlève à la vie humaine son sens le plus profond. D’autre part, dans de nombreux cas, le travail est devenu une contrainte aliénante pour l’homme… et presque malgré lui, il se détache de la prière, enlevant à la vie humaine sa dimension transcendante…

On ne peut pas vivre pour l’avenir sans comprendre que le sens de la vie est plus grand que ce qui n’est que matériel et passager, que ce sens est au-dessus de ce monde-ci. Si la société et les hommes de notre continent ont perdu l’intérêt pour ce sens, ils doivent le retrouver… Si mon prédécesseur Paul VI a appelé saint Benoît de Nursie patron de l’Europe, c’est parce qu’il pouvait aider à ce sujet l’Eglise et les nations d’Europe.

Jean-Paul II, Discours à Nursie (Italie), 23/03/80