Cherche la paix et poursuis-là — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Cherche la paix et poursuis-là

Cherche la paix et poursuis-là

Règle de saint Benoît : Prologue 16-17

Dieu te dit : Veux-tu avoir la vraie vie, l’éternelle ? Alors, garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles trompeuses : détourne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la. (RB Prol 16-17/ Ps 33,14-15)

Cherche la paix et poursuis-là

 

                                 Règle de saint Benoît : Prologue 16-17

 

Dieu te dit : Veux-tu avoir la vraie vie, l’éternelle ?  Alors, garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles trompeuses : détourne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la. (RB Prol 16-17/ Ps 33,14-15)

Ces versets de la Règle de saint Benoît se présentent dans le Prologue juste après que des conseils précis de vie nous ont été proposés par un vrai père (Prol 1) : renoncer à nos volontés propres, prendre les armes puissantes et glorieuses de l’obéissance, un travail dont la paresse qu’est la désobéissance nous a éloigné. Ce choix nous conduit à militer pour le Christ, le vrai Roi (Prol 3). A celui qui accepte de marcher dans cette voie et être quelqu’un qui aime la vie et désire voir des jours où il verra le bonheur (Prol 15/Ps 33,13) Dieu dit : Veux-tu avoir la vraie vie, l’éternelle ?  Alors, garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles trompeuses : détourne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la. (Ps 33, 14-15/Prol. 16-17) De quelle paix s’agit-il ? Quelles sont les conditions pour l’obtenir ? Alors que le Christ nous dit : « Ne croyez pas que je suis venu verser la paix sur la terre, je ne suis pas venu verser la paix mais le glaive. (Mt 10,34) » : « Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre ? Non, je vous le dis mais la division. (Lc 12,51) »

Cette paix à chercher n’est pas dans une absence de conflit, ni dans une vie paisible, lisse, paresseuse, un long fleuve tranquille. Jésus a eu des ennemis auxquels il a fait face : les scribes, les pharisiens, les marchands du temple… Il annonce la division au sein des familles, (Mt 10,35-36 / Lc 12,52-53), n’a pas cautionné tout ce qu’il voyait et entendait. Il a pris de la distance à Nazareth avec les gens de son village (Mc 6,4) et même avec sa famille (Lc 20,22). Nous sommes loin d’une paix relationnelle où « tout le monde est bon et gentil » ! Benoît lui aussi a connu des difficultés avec sa communauté, on a voulu l’empoisonner ! La vie avec les autres, en communauté, en société est difficile. La paix n’est pas un compromis au plus petit dénominateur commun mais exige des choix parfois douloureux de la part de celui qui la cherche et veux la poursuivre.

La vraie paix se situe dans la recherche de Dieu qui est la seule raison d’une entrée au monastère et qui sera vérifiée tout au long de la formation du moine et de la moniale (RB 58,7). Cette recherche de Dieu qui fait agir est aussi un programme de vie chrétienne. Il s’agit d’un chemin de conversion, d’une manière de vivre qui passe par l’obéissance au Père que le Fils est venu nous annoncer (Jn 1,18). Il en est le Chemin, la Vérité et la Vie. Cette paix du Christ est passée par Gethsémani : non pas ma volonté mais la tienne (Mt 26,39/ Mc 14,36/ Lc 22,42/ Jn 12,27) ; la paix se conquiert « en prenant les armes très puissantes et glorieuses de l’obéissance. (Prol 3) ». Elle est d’abord à acquérir pour nous-mêmes, en apprenant à mieux nous connaître dans ce qui nous motive, en confrontant notre choix de vie à la Parole. Ce travail est un glaive qui oblige à trancher en engageant une lutte. Il implique que nous soyons capables de tenir debout avec des choix qui coûtent dans les turbulences du quotidien, dans des renoncements familiaux, professionnels, relationnels et ce, dans le seul but de faire naître ce moi authentique qui choisit de suivre Celui qui est Chemin, Vérité et Vie. Ce combat spirituel fait faire l’expérience de Dieu à travers cette confrontation entre notre moi et la Parole : la lectio divina en est un des lieux privilégiés. Ce choix a un coût, les martyrs connus et inconnus l’ont fait à l’exemple du Maître : non pas ma volonté mais la tienne. Cette paix de Dieu, cette certitude de marcher dans la bonne direction, ce combat contre-soi-même se gagne par l’obéissance dans un acte de foi éclairé et adulte. La recherche de la paix est école de liberté qui génère une action pour celui qui bâtit sa maison sur le roc (Prol 33/ Mt 7,24-26/ Lc 6,47-49). C’est cette vérité par rapport à nous-mêmes qui rend libre et permet d’approcher la Vérité qui génère la paix et donne à l’Eglise des témoins du Père et des missionnaires. (Mt 7,21). Chercher la paix c’est se mettre à l’école de l’humilité en étant fidèle et persévérant, en luttant contre soi-même, en faisant la paix avec les autres « en proférant la vérité de cœur comme de bouche, en ne donnant pas une fausse paix en entretenant la tromperie dans son coeur tout en ruminant la vengeance et méditer la ruse. Après un désaccord elle est à faire avant le coucher du soleil (RB 4,28-25-23-24-73) ». Ce combat jamais gagné, chemin de paix avec soi, avec les autres et avec Dieu s’obtient par la prière et les sacrements qui nous soutiennent pour vivre en harmonie avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. La paix avec Dieu sans la paix avec soi-même et les autres est une illusion. Elle n’est jamais acquise, se gagne dans la vérité et la justice : « Amour et vérité se rencontrent : justice et paix s’embrassent. (Ps 85,11) » C’est un combat permanent, la vraie paix est repos en Dieu seul car de lui vient le salut, il est notre rocher. (Ps 61, 2-3)

« Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira car tout demandeur reçoit, qui cherche trouve, et il sera ouvert à celui qui frappe. » (Mt 7,7-8) car la Paix, la vraie est un don de Dieu qui se reçoit dans l’amour de Dieu et du prochain quel qu’en soit le coût.

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.                                                                                                              Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne.                                                                                             Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. »                                                                                                            (J 14,27). 

 

Ce que Jésus nous invite à imiter c’est son désir du Père afin que nous tendions à devenir ce pourquoi nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est sur cette route que nous trouverons la paix si nous la cherchons et la poursuivons.