Patience - impatience — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Avec Benoît et les Pères cisterciens
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Patience - impatience

Le dictionnaire nous définit la patience comme une vertu qui fait supporter avec résignation les maux, les injures, les incommodités, auxquels nous pouvons ajouter toutes les difficultés que nous devons affronter dans notre quotidien. Prendre patience, c’est attendre avec calme ; perdre patience, c’est commencer à ne plus pouvoir attendre, à ne plus rien supporter et à ne plus pouvoir chercher. Notre monde est un monde impatient. Dans la vie industrielle, on ne peut plus attendre, ni le client qui perd patience s’il n’est pas livré au plus vite, ni le fournisseur qui doit livrer ses produits dans le meilleur délai pour ne pas enrayer une mécanique qui conduirait à des pertes de production. Participer à cette manière de vivre du monde économique c’est ce que l’on désigne par travailler en flux tendu. Tout va vite, et l’information est souvent instantanée sans recul, sans analyse. Tout doit être résolu rapidement, un objet désiré obtenu immédiatement… Tout, tout de suite : voilà ce que les médias tentent de nous imposer. Dans cet environnement, l’homme doit parfois apprendre la patience : le malade est impatient de guérir ; le prisonnier de quitter sa prison ; l’étudiant du résultat de l’examen ; le voyageur d’être arrivé ; le migrant, de trouver une terre d’asile pour lui et les siens… Si nous observons la Création, nous nous apercevons qu’elle a ses rythmes : le jour, la nuit, les saisons… l’attente d’un enfant. Nous ne pouvons pas tout accélérer et devons accepter avec patience la réalité du temps qui s’écoule. L’impatience, si nous n’y prenons garde peut être source d’agressivité, de déstabilisation, d’évaluation anormale des besoins, de violence qui monte et fait ressentir une situation d’injustice. L’impatience risque de devenir une manière de vivre qui empêche toute réflexion, toute prise de recul.

Quoi qu’il en soit, nous devons accepter des insatisfactions, des gênes, des difficultés imprévues, qu’elles soient spirituelles, matérielles ou relationnelles. Que nous le voulions ou non, une partie de notre vie nous impose la patience, et c’est là que nous avons à découvrir la bonne patience : accueillir ce qui ne peut être changé. Quant à la bonne impatience, Benoît nous la définit comme une écoute : « Ecoute mon Fils prête l’oreille de ton cœur, aujourd’hui le Seigneur t’appelle sur sa route, presse le pas et réponds-lui » (Tropaire inspiré du Prologue-CFC).

La patience nous conduit à nous soumettre, à obéir à la réalité et pour Benoît qui connaît bien l’homme et qui sait de quoi nous sommes faits, la patience a du sens : « L’Apôtre dit en effet : “Ne sais-tu pas que Dieu n’est patient que pour t’amener à changer de vie ?” » (Prol. 37 ; Rm 2, 4) ; la patience donne du sens, « Par la patience nous participons aux souffrances du Christ pour être admis à partager son règne » (Prol. 50). Elle est chemin du Royaume. Cette voie est celle de l’obéissance, elle est travail, combat à l‘exemple de celui qui, renonçant à ses volontés propres, a été obéissant à son Père jusqu’à la mort, et la mort sur la croix, subissant avec patience les injures, les crachats et toute l’injustice du monde pour que nous puissions avoir la Vie. (Ph 2,8- He 12,2)

Dans le quotidien, notre patience est mise à l’épreuve par ceux que nous rencontrons, par ceux que nous devons accueillir à un moment inattendu, par un coup de téléphone qui vient troubler une activité, par l’enfant que j’ai été, par le malade que j’ai été ou que je serai, par la personne âgée que je rencontre mais que je serai demain, par le supérieur hiérarchique que je dois subir, par le collègue de travail que je dois supporter, par le voisin qui vit autrement que moi. Nous devons être patients avec les autres, comme nous souhaitons que les autres le soient avec nous. « Ne pas être injuste envers les autres, mais si on est injuste avec toi, souffrir cela avec patience » (RB 4,30) Si nous voulons suivre le Christ nous devons être patients comme il l’a été avec ses disciples et tout au long de sa vie terrestre dans l’obéissance au Père. Sa patience en toutes circonstances est pour nous modèle d’obéissance. La patience, école d’humilité, oblige à consentir aux événements, quels qu’ils soient. Elle est chemin de conversion, école, voie qui exige fidélité et persévérance. Elle est sans cesse combat avec nous-mêmes, remise en cause de nos choix mais elle conduit à la Vie. La patience est chemin d’humilité face à toutes les contradictions et les situations d’injustice que nous avons à vivre en ne suivant pas notre volonté propre. Le quatrième degré de l’humilité de la Règle (Ch. 7,35) consiste à vivre l’obéissance en s’attachant à la patience sans perdre courage et le septième nous dit que c’est par la patience que s’accomplit le commandement du Seigneur (RB 7,42). Benoît nous avertit et nous encourage : « Ne va pas, troublé de frayeur, abandonner sur-le-champ le chemin du salut dont les débuts sont forcément malaisés. À mesure que l’on progresse dans une sainte vie et dans la foi, le cœur se dilate et c’est avec une indicible douceur d’amour que l’on court dans la voie des commandements de Dieu » (Prol. 48-49).

Il faut que le jour de la patience se lève pour toi afin que tu puisses embrasser d’un cœur soumis les choses les plus dures et les plus difficiles, apprenant à te critiquer toi-même et à te reprendre sévèrement si les réalités qui conduisent au salut te déplaisent. (Saint Bernard, Sermon lll pour la Circoncision du Seigneur, 8)

La patience de Dieu veut t’amener à changer de vie, est-ce que tu ne le sais pas ?
Prol 37-Rm 2,4

Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis comme certains l’accusent de retard, mais il fait preuve de patience envers vous voulant que personne ne périsse mais que tous parviennent à la conversion. (2 P 3, 9)

Questions pour nous aujourd’hui :

  • Sommes-nous conscients de nos impatiences ?
  • Quelles sont nos impatiences bonnes et mauvaises ?