Vivre loin de Dieu — Avec Benoît et les Pères cisterciens

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Avec Benoît et les Pères cisterciens
Menu

Vivre loin de Dieu

Vivre loin de Dieu pour toujours

Dans le cœur, il peut y avoir un feu mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit loin de lui pour toujours. Il peut y avoir aussi un bon feu qui sépare du mal et conduit à Dieu et à la vie avec lui pour toujours.
Règle de saint Benoît : Chapitre 72,1-2

On peut lire la Règle de saint Benoît comme une feuille de route du chercheur de Dieu. Elle est chemin de vie chrétienne et doit nous conduire à vivre avec Dieu pour toujours en suivant le Christ. « Je suis avec vous chaque jour jusqu’à la fin du monde. » (Mt 8,20) Ainsi nous voyons se dessiner un chemin d’obéissance au Père comme en a témoigné la vie de Jésus véritable chemin, vérité et vie.

Un choix s’offre à nous : soit nous suivons Dieu en lui obéissant avec les dons qu’il a mis en nous (Prol 6) ou bien volontairement refusons de le suivre (Prol 7) ; nous sommes alors pécheurs au sens strict du mot. Le péché n’est péché que si nous voulons le commettre contre la loi de Dieu.

Nous avons le risque permanent de vivre loin de Dieu par l’oubli de notre condition de créature en nous laissant porter par les événements, influencer par toutes les sollicitations de notre environnement, par notre manière de vivre. Ce mauvais feu qui brûle en nous, nous sépare de Dieu et peut conduire à un rejet définitif après la résurrection de la chair, lors du dernier jugement.

Ce serait alors notre seconde mort définitive telle qu’elle nous est décrite dans le jugement dernier et annoncée dans l’Apocalypse. (Ap 2, 11 ; 20,6 ; 21,8)

Pour éviter ce qui peut devenir une souffrance éternelle, Benoît nous suggère de demander l’aide de Dieu : « pour les choses qui nous paraissent trop difficiles, prions le Seigneur de nous aider en nous donnant sa force à lui. Si nous voulons éviter de souffrir loin de Dieu pour toujours, si nous voulons parvenir à la vie qui ne finit pas, il est encore temps. Pendant que nous sommes dans notre corps, nous pouvons faire tout cela avec la lumière de cette vie. » (Prol 41-43)

C’est un chemin de conversion qui nous est proposé, un chemin qui doit nous faire craindre le jour du jugement (RB 4,44), redouter l’enfer (RB 4,45) désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit (RB 4,46) en repassant constamment dans notre esprit comment la géhenne brûle pour leurs péchés ceux qui méprisent Dieu, et, comment, d’autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent (RB 7,11). Il nous faudra apprendre à renoncer à notre volonté propre afin que la volonté du Père puisse se réaliser en nous dans l’obéissance (RB 7,19) car comme nous l’enseigne l’Ecriture : « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l’enfer. » (Pr 16, 25)

« Celui qui aime le Christ n’agit plus par peur de l’enfer, mais par peur de souffrir loin de Dieu. Il a pris de bonnes habitudes et est attiré par le bien. Voilà, ce que le Seigneur manifestera à son serviteur, purifié de ses défauts et de ses péchés grâce à l’Esprit Saint. » (RB 7,68-69).

« En effet, à mesure que l’on progresse dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu, avec la douceur ineffable de l’amour… en nous faisant participer par la persévérance et la patience aux souffrances du Christ pour mériter d’avoir part à son royaume. » (Prol 49- 50)

Ainsi :

Le chrétien est donc ce bienheureux et ce saint qui a part à la première résurrection. Il est celui sur qui la seconde mort n'aura plus d'empire, elle qui sera absorbée dans la victoire du Seigneur ressuscité, comme l’est aussi la première mort. Il est également celui qui a pris conscience de la force de la Résurrection du Christ, et de la nécessité de participer à sa Passion, mais qui, de plus, est passé à l’acte et s’est rendu conforme à la mort du Christ, pour parvenir à la Résurrection des morts.

Guerric d’Igny Sermon 2 sur la Résurrection (1-3 extraits)


Les images de l’enfer :

Les images à travers lesquelles l’Ecriture sainte nous présente l’enfer doivent être correctement interprétées. Elles indiquent la frustration et le vide complet d’une vie sans Dieu. Plus qu’un lieu, l’enfer indique la situation dans laquelle se trouve celui qui s’éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie. La « damnation » ne doit pas être attribuée à l’initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu’il a créés. En réalité, c’est la créature qui se ferme à son amour. La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont définitivement concernés. La pensée de l’enfer- et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques- ne doit pas créer de psychose ni d’angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l’annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l’Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer »Abba, Père. »

Saint Jean-Paul II cité par Magnificat juillet 2014 p.412-413