Une école du service du Seigneur — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Une école du service du Seigneur

Nous allons fonder une école du service du Seigneur
Règle de saint Benoît Prologue 45

Après s‘être adressé à ‘’qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres’’ (RB Prol 3), expression qui sera reprise à la fin de la Règle : ‘’qui que tu sois qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l’aide du Christ cette petite règle pour débutants’’ (RB Chap 73,8) saint Benoît écrit :’’Nous allons fonder une école du service du Seigneur’’ (RB Prol 45).

L’école peut être définie comme un lieu d’enseignement, mais aussi comme un ensemble de personnes qui suivent un maître, ou bien partagent les mêmes idées, les mêmes options existentielles, une même manière de vivre ...

On peut alors parler au sens large d’écoles de spiritualités : orientale, monastique, puis avec plus de précisions d’écoles de spiritualités : franciscaine, dominicaine, salésienne, cartusienne, bénédictine …

Dans la tradition bénédictine-cistercienne, l’abbaye est à la fois l’espace où l’enseignement est donné et le lieu où il est mis en pratique, c'est-à-dire, vécu dans un contexte particulier avec une organisation spécifique. Par analogie, on pourrait dire une école avec son internat.

Le charisme cistercien qui n’est rien d’autre qu’un chemin de conversion, a toujours, sous des formes diverses attiré des laïcs. Le témoignage monastique a fait que la spiritualité cistercienne a été partagée avec des laïcs demandeurs. Ce témoignage a engendré une extension du charisme qui devient alors, un charisme partagé s’exprimant dans une école de spiritualité. C’est cette réalité qui a fait que les laïcs ont été récemment reconnus comme membres de la famille cistercienne.

Qu’en est-il donc pour des laïcs de cette spiritualité qui se veut école du service du Seigneur en suivant la Règle de saint Benoît ? Qu’en est-il de cet enseignement qui est fait d’écoute de la Parole et vécu en quelque sorte en externat par rapport à la clôture monastique ? Qu’est-ce que ce service du Seigneur qui est l’objet de la fondation de l’école ?

C’est avant tout chercher Dieu par des actions bonnes (RB Chap. 4) en aimant ses frères (RB Chap. 1,2 ; 2,20.31 ; 5,3 ; 35,1-2.6.13 ; 36,1.4 ; 38,6 ; 11 ; 46,1 ; 49,5 ; 58,18 ; 61,10 ; 64,21. et en considérant la prière comme service de Dieu (RB Chap. 8-20 (surtout 16 et 19) ; 43 ; 47 ; 50).

Concrètement, dans le quotidien, la Règle de saint Benoît source de la spiritualité cistercienne qui irrigue toute la vie s’exprime par une manière de vivre, d’habiter le temps, de le structurer :

Par la fréquentation régulière de l’Ecriture que l’on appelle la lectio divina, ainsi que la pratique de la prière qui est comme une source d’où peut jaillir un style de vie.Par le travail : que l’on soit moine, moniale ou laïc il faut travailler, faire face à ses obligations familiales, assurer une retraite, ne pas être à charge et souhaiter partager. Le travail est alors plus considéré avec sa dimension sociale comme un moyen que comme une fin en soi.Par une forme d’ascèse qui s’oppose au : ’’ Je veux, il me faut tout, tout de suite avec le moins d’efforts possibles ’’. L’ascèse est un entraînement, un moyen, un outil pour éduquer la sensibilité, les choix et les puissances de désir, apprendre à ne pas trop se disperser, à ne pas fuir la réalité. L’ascèse fait réfléchir à l’usage de l’argent, à ses loisirs, ses lectures, ses achats ainsi qu’à l’usage de ce qu’il est convenu d’appeler les réseaux sociaux.Par la vie fraternelle, lieu privilégié où s’authentifie la qualité des relations avec les autres. C’est elle qui permet de mieux se connaître, qui évite la redoutable hypertrophie du moi, rend modeste et fait que l’autre peut être reconnu comme un frère. C’est l’école de l’humilité, du pardon, de la miséricorde et de la vérité par rapport à soi-même et aux autres. Comme le dit la Bible : "Le fer se polit par le fer et l’homme par le contact avec son prochain" (Pr. 27,17).Par une forme de retrait du monde qui n’est pas une clôture matérielle, mais un art de gérer la distance et la proximité par rapport à toutes les sollicitations dont nous sommes l’objet. C’est apprendre à ne pas se laisser prendre par le tout urgent pour s’habiter soi-même sans fuir ses responsabilités familiales ou professionnelles.
L’attention et la fidélité dans la mise en pratique réfléchie de ce que l’on peut appeler l’identité cistercienne est caractérisée par une simplicité de vie. C’est elle qui structure et unifie la personne dans son chemin de conversion où l’obéissance est mise en pratique de la Parole, d’écoute du Père à l’exemple du Christ sous la conduite de l’Esprit : c’est le service du Seigneur.

Cette école, lieu d’apprentissage et de transmission d’une spiritualité transculturelle n’est rien d’autre qu’une manière de vivre l’Evangile, un chemin pour suivre le Christ. Par le témoignage de vie de ses élèves, elle est non seulement un lieu d’enseignement mais elle est aussi enseignante par les témoins qu’elle engendre qu’ils soient moines ou laïcs, tous membres de l’Eglise. Dans cette école du service du Seigneur on ne peut apprendre seul et vivre l’enseignement seul. Ce chemin de conversion, d’écoute et d’obéissance relève de la formation continue en lien avec un monastère garant du charisme.

Qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres tu peux donc entrer, avec d’autres, dans l’école du service du Seigneur. ‘’ Dans cette institution, nous espérons n’imposer rien de rigoureux, rien de pénible. Toutefois, si la raison et l’équité conseillent de proposer quelque légère contrainte, pour corriger les vices et préserver la charité, ne va pas, troublé de frayeur, abandonner sur le champ le chemin du salut dont les débuts sont forcément malaisés.’’ (RB Prol 46-48)

Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau,
et moi je vous ferai trouver le repos.
Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école,
car je suis doux et humble de cœur,
et vous connaîtrez le repos.
Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger.

(Mt 11,28-30)