Ouvrir - fermer — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Ouvrir - fermer

Le chapitre 66 de la Règle attire notre attention sur les portiers. Il nous en donne les qualités, le profil :

A la porte du monastère, on placera un homme d’âge mûr, expérimenté, qui sache recevoir et fournir un renseignement, et dont la maturité le garde de courir çà et là (66,1)

 

Dès que quelqu’un aura frappé, ou qu’un pauvre aura appelé, il répondra « Deo gratias » ou « Benedicite », et avec toute la sérénité que donne la crainte de Dieu, il s’empressera de répondre dans la ferveur de la charité (66,3-4).

 

Le portier est une personne qui ouvre ou ferme un chemin, un passage, la porte étant le lieu du passage. De fait chacun de nous, tout au long de sa vie est portier, nos cinq sens sont des portes qui ouvrent sur notre environnement. Notre intelligence soutenue par notre volonté fait alors le choix de ce qu’elle veut laisser entrer en nous. Au cours de nos activités, consciemment ou non, nous sommes des portiers. Dans une journée nous ouvrons et fermons des portes et le langage courant y fait souvent allusion : j’ai ouvert ma porte à… ce qui signifie que je l’ai laissé entrer chez moi où il a pu percevoir mon cadre de vie ; je n’ouvre pas ma porte à n’importe qui… je choisis mes visiteurs ; je l’ai reçu sur le pas de la porte… j’ai entrouvert ma porte… je suis prudent, mais il n’est pas entré ; je lui ai fermé ma porte… je lui ai claqué la porte au nez… une fin de non recevoir ; j’ai pris la porte… mettre quelqu’un à la porte… c’est la rupture ; ferme la porte... peut aussi signifier que nous sommes dans la confidentialité. La personne incarcérée attend qu’on lui ouvre une porte qu’elle ne peut pousser. On peut aussi penser au drame de ceux qui n’arrivent pas à ouvrir leur porte, enfermés qu’ils sont en eux-mêmes. La porte est également une protection et, de manière plus positive, on dit encore : il m’a ouvert la porte de son cœur... c’est dire que des confidences ont été reçues dans la confiance. Notre porte peut être également celle du téléphone : j’ai vu que c’était lui ou elle, mais j’ai ou je n’ai pas voulu répondre et, il y a encore la messagerie électronique ou le courrier ... j’ai ou je n’ai pas répondu. La manière de recevoir ou les fins de non recevoir sont multiformes.

Ouvrir sa porte quelle qu’en soit la manière, c’est se décentrer de soi-même pour accepter que l’autre fasse irruption dans ma vie, me demande de l’écouter même si cela me dérange. Il en est de même pour tout ce que nous laissons pénétrer en nous par les pensées les plus diverses qui nous traversent l’esprit. Quand nous poussons la porte d’un magasin nous ouvrons notre cœur à une foule de sollicitations. Lorsque nous ouvrons Internet ce n’est pas une porte que nous ouvrons mais un portail, c’est dire toutes les possibilités offertes ! La manière dont nous nous habitons nous-mêmes, dont nous vivons, ouvre des portes, en laisse certaines ouvertes, en ferme d’autres.

Ouvrir sa porte et non la pousser, c’est accueillir et se mettre à l’écoute d’un appel. Nous sommes à la fois porte et portier, porte lieu de passage par lequel l’appel entre en nous et portier en laissant entrer ou en refusant des appels. En fait ce qui compte à travers nos actes du quotidien, c’est le discernement avec lequel nous ouvrons, poussons ou fermons des portes.

Ainsi dans nos rencontres quand nous "visitons" quelqu’un qu’il soit malade, en prison, en difficultés de tous ordres, nous sommes en mission pour annoncer une Bonne Nouvelle. Poussons-nous la porte de l’autre ou attendons-nous qu’il nous ouvre la sienne au sens propre et figuré ?

Jésus, lui, nous dit de savoir à certains moments fermer notre porte, c’est le temps de la rencontre, de la prière :

Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre et ferme la porte.
Mt 6,6

 

Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte.
Mt 6,7

 

Enfin il est des portes qu’il faut savoir ouvrir pour rencontrer Celui qui nous dit :

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis, mais qui escalade par un autre côté, celui-là est un voleur et un brigand…
Je vous le dis : je suis la porte.
Si quelqu’un entre dans la bergerie en passant par moi il sera sauvé.
Jn 10,1-7

 

Ecoute, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai un repas avec lui et lui avec moi.
Ap 3,20

 

Ainsi nous serons de bons portiers !

Questions pour aujourd’hui

  • A qui et pourquoi je ferme ma porte ?
  • A qui et pourquoi j’ouvre ma porte ?
  • A qui j’entrouvre ma porte ?
  • Quand je sors de chez moi quelle porte je pousse ou elle porte j’ouvre ?
  • A quelles portes je frappe ?
  • Avec quel discernement je fais face aux pensées qui ont franchi ma porte ?