Chanter-Psalmodier — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Chanter-Psalmodier

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… et en psalmodiant, soyons tels que notre esprit soit d’accord avec notre voix
Règle de saint Benoît : Chapitre 19,7


Le chant appartient à notre patrimoine. De tout temps l’homme a chanté … et chante encore.



Chanter-Psalmodier

 

… et en psalmodiant,                                                                                                                                           soyons tels que notre esprit soit d’accord avec notre voix

Règle de saint Benoît : Chapitre 19,7

 

 

Le chant appartient à notre patrimoine. De tout temps l’homme a chanté … et chante encore. Il suffit d’observer la production de supports musicaux où la musique accompagne les chanteurs. Le chant en l’honneur de Dieu ou des dieux fait partie de l’histoire de l’humanité.

 

Dans l’Ancien Testament les chants ou cantiques sont nombreux (Ex 15,1-18 ; Sm 2 1,10 ; 1 Ch 29,10-19 ; Tb 13,2-10 ; Ha 3,2-19) Le Cantique des cantiques est une succession de chants d’amour et de chants nuptiaux. Le thème du chant est omniprésent dans les psaumes : on chante pour louer Dieu, pour rendre grâce, pour être délivré d’un mal, pour supplier, pour prier, pour se purifier, pour dire sa joie, on chante la justice et la bonté, l’amour, chanter est une force.

 

Le Nouveau Testament nous révèle le chant de Marie rencontrant Elisabeth (le Magnificat) le chant de Zacharie (le Benedictus), le chant de Syméon accueillant Jésus au temple (le Nunc dimittis) Jésus a chanté les psaumes. À la veille de la Pâque avec les apôtres il a chanté les psaumes du Hallel (Ps 113-118). Paul invite à chanter de tout notre cœur (Ep 5,19), mais aussi avec intelligence (1Co 14,15). Jésus chante les louanges de Dieu au milieu de l’assemblée (He 2,12) Dans l’Apocalypse les anciens chantent un cantique nouveau (Ap 5,9).

 

Les chrétiens chantent lors de la liturgie eucharistique : un chant ouvre la célébration, puis suivent  un chant de supplication (kyrie), un chant de louange (gloria), le chant d’un psaume, l’acclamation de la Parole, la profession de foi (credo), un chant d’offrande, le sanctus, une acclamation avant  le Notre Père, le chant de communion et le chant d’envoi. Les chrétiens chantent lors de rassemblement, pour un baptême, un mariage, des funérailles ainsi que lors des liturgies pénitentielles. Le chant est source d’unité, il fait la communauté et manifeste le corps du Christ. La chorale, les chantres témoignent avec la communauté de la force de la foi du peuple réuni. Le chant est au service de l’assemblée, il l‘aide à faire corps.

 

Saint Benoît dans sa Règle consacre 13 chapitres à la liturgie des heures et le chapitre19 donne les dispositions à apporter dans la psalmodie. Jusqu’à la réforme liturgique le chant grégorien dont l’origine et les premiers développements restent encore inconnus fut pratiqué dans l’Eglise catholique romaine et l’est encore dans quelques monastères. L’introduction des langues vernaculaires a conduit à la refonte musicale des psaumes et à la création de nouveaux hymnes, tropaires, antiennes, refrains pour les psaumes… remplaçant le latin.

 

Discipline exigeante qui implique la participation de toute la personne, corps et esprit, le chant est « travail » vocal et technique demandant un apprentissage. Le contenu de ce qui est chanté engage l’esprit et comme le précise la Règle de saint Benoît : « Faisons bien attention à notre attitude en présence de Dieu et de ses anges. Et quand nous chantons les psaumes, tenons-nous de telle sorte que notre esprit soit d’accord avec notre voix. (RB 19,6-7) »

Chanter ensemble, en s’harmonisant autant que possible aux autres est le signe visible d’appartenance à une communauté, à un peuple. C’est un exercice difficile qui peut être une épreuve quotidienne.

 

Tout au long du jour avec la rigueur et le soin qu’elles apportent à la liturgie, cœur de la vie monastique, par le chant des psaumes et des hymnes, en leur donnant vie, les communautés avec les chrétiens des paroisses s’inscrivent à la fois dans la continuité de l’histoire de l’humanité et comme des témoins de Dieu dans un monde qui l’oublie.

 

On lira avec intérêt : Saint Bernard : Ecrits sur l’art, lettre à Guillaume de Saint Thierry. Traité du chant. Traité sur la manière de chanter le graduel. Traité des tons. Edition Paleo