Quatre formes de prières — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Quatre formes de prières

Il doit en être du pécheur par rapport à son Créateur, comme du malade par rapport à son médecin, et tout pécheur doit prier Dieu comme un malade prie son médecin. Mais la prière du pécheur rencontre deux obstacles : l’excès ou l’absence de lumière. Celui qui ne voit ni ne confesse son péché est privé de toute lumière. Au contraire, celui qui les voit, mais si grands qu’il désespère du pardon est écrasé par un excès de lumière : ni l’un ni l’autre ne prient. Que faire alors ? Il faut tempérer la lumière pour que le pécheur puisse voir ses péchés et les confesser, et qu’il puisse prier pour eux afin d’obtenir le pardon.
Il faut donc d’abord qu’il prie avec un sentiment de confusion, c’est ce qui a lieu quand le pécheur n’ose pas encore s’approcher de Dieu directement, et cherche un homme saint, un pauvre de cœur, qui soit comme la frange bordant le vêtement du Seigneur, et par qui il puisse s’approcher de lui. Nous en avons un exemple dans cette femme de l’Evangile, qui souffrait d’hémorragies, et dans son désir d’être guérie s’approcha et se dit en elle-même : « Si je touche seulement la frange de son vêtement je serai guérie » Mt 9,21.

La seconde prière est celle qui se fait dans un élan de pureté, quand le pécheur déjà s’approche lui-même et confesse ses fautes de sa propre bouche. D’une telle prière, il nous reste l’exemple de cette pécheresse qui arrosait de ses larmes les pieds du Seigneur et les essuyait de ses cheveux. A son sujet le Seigneur dit : « Ses nombreux péchés lui sont remis puisqu’elle a beaucoup aimé » Lc 7,37.

La troisième prière se fait à partir d’un large élan du cœur, et cela se réalise quand celui qui avait commencé de prier pour lui-même prie enfin pour les autres. C’est ainsi que les apôtres ont intercédé pour la cananéenne lorsque celle-ci implorait pour sa fille. « Accorde-lui ce qu’elle demande disent-ils à Jésus, afin qu’elle s’en aille car elle nous poursuit de ses cris » Mt 15,23.
La quatrième sorte de prière est celle qui part d’un cœur pur, sans hésitation avec action de grâces. Telle fut la prière que fit le Seigneur quand il ressuscita Lazare, au tombeau depuis quatre jours, et qu’il dit : « Je te rends grâce, Père de ce que tu m’as écouté » Jn 11,41. C’est à ce genre de prière-là que pense l’Apôtre quand il nous exhorte à prier fréquemment : « Priez sans cesse, dit-il, exprimez votre reconnaissance en tout temps » 1 Th 5,17.

C’est à ces quatre sortes de prière dont il vient d’être parlé, je veux dire la prière humble, la prière pure, la prière ample, la prière fervente que l’Apôtre nous invite en leur donnant d’autres noms, quand il écrit : « Je recommande avant tout qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces » 1 Tim 2,1

Sermons divers 107,1
Traduction Charpentier revue