Où, quand, comment prier ?
Il faut que celui qui veut bien prier soit attentif non seulement au lieu, mais aussi au temps où il doit le faire. Le temps du repos est le plus favorable. Avec le silence profond de la nuit, l’oraison se fait plus libre et plus pure. Lève-toi la nuit, et, lorsque tu commences à t’éveiller, épanche ton cœur comme de l’eau en présence du Seigneur ton Dieu. Avec quelle confiance la prière monte dans la nuit, quand Dieu seul en est témoin avec notre ange gardien qui la reçoit pour aller la présenter à l’autel céleste ! Elle est agréable et lumineuse quand la pudeur lui donne un nouvel éclat. Quelle est sereine et tranquille, quand elle n’est troublée par aucun bruit ! Elle est pure et sincère quand les soucis terrestres ne peuvent la ternir, ni tentée par les louanges et les flatteries de ceux qui pourraient être présents. C’est donc pour cela que l’Epouse agit avec autant de sagesse que de pudeur lorsqu’elle choisit la solitude de la nuit pour prier, c'est-à-dire pour chercher le Verbe, car c’est la même chose. Vous ne priez pas comme il faut si, en priant, vous cherchez quelque chose d’autre que le Verbe, ou si l’objet de votre prière n’est pas le Verbe car tout est en lui. En lui se trouve le remède de nos plaies, le secours dont nous avons besoin, le soulagement de nos faiblesses, la source de nos progrès, bref tout ce qu’un homme peut et doit souhaiter. Il n’y a aucune raison de demander au Verbe autre chose que lui-même puisqu’il est toutes choses. Si nous demandons lorsque nous en avons besoin certains biens temporels, c’est pour l’amour du Verbe que nous les demandons, parce que nous rapportons toute chose à son service. Ils le savent bien, ceux qui ont pris l’habitude de n’user des biens temporels que pour mériter le Verbe.
Cantique des cantiques Sermon 86,3
Traduction Charpentier 1867 revue