Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice …

La vertu, c’est une habitude, l’âme bien réglée. Il faut donc ordonner, régler les affections de l’âme pour les actes qu’elles doivent accomplir, et accomplir comme il faut pour qu’elles progressent dans les vertus...

  Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice …

 

La vertu, c’est une habitude, l’âme bien réglée. Il faut donc ordonner, régler les affections de l’âme pour les actes qu’elles doivent accomplir, et accomplir comme il faut pour qu’elles progressent dans les vertus. Ce sont ces affections qui imposent au-dehors leurs noms à nos actes : on se laisse aller à certains vices, ou bien on progresse en certaines vertus déterminées. Quand nos actes sont posés prudemment, modestement, fortement et justement, ils font naître en nous les vertus de prudence, de tempérance, de force et de justice qui sont les racines de toutes les vertus. Au milieu d’elles, la justice s’élève comme un cône ou un sommet, au point de mériter seule le nom générique de vertu. Ils sont donc heureux ceux qui ont faim et soif de ce résumé de toutes les vertus…

 

Ici-bas, tout ce qu’on peut acquérir de justice est toujours quelque chose d’imparfait et de partiel ; là-haut on possède la perfection. Ici-bas, c’est la voie ; au ciel, c’est la plénitude du bonheur…

 

Veille à ce que la justice ne quitte jamais ta main, ni ta bouche, ni ton cœur. Celui qui possède la justice, la saisira dans toute sa perfection, sa plénitude, son repos. Il ne suffit pas de s’y exercer péniblement, il faut l’embrasser avec autant de facilité que de bonheur. Bienheureux donc ceux qui ont faim et soif de la justice…

Qu’ils sont nombreux, aujourd’hui, ceux qui cherchent – avec quel zèle – ce qu’il ne faut pas chercher, ou cherchent avec peu d’ardeur ce qu’il faut chercher, de sorte que si quelqu’un croyant à la parole du Verbe tend vers les sommets de la justice, il devient un objet de risée et de mépris.

Mais que dire quand le texte porte : ceux qui cherchent la justice mais « qui en ont faim » ! Cela ne reviendrait-il pas à dire que la justice est à l’âme ce que le boire et le manger sont au corps ? Elle est notre viatique durant le voyage, et en cela elle est imparfaite. Elle sera une pleine réfection dans la patrie où nous la posséderons dans sa perfection. Ici-bas elle est du lait pour les enfants, là-haut, elle sera la nourriture solide des hommes.

Bienheureux donc ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Je serai alors pleinement rassasié, moi qui, maintenant, n’ai qu’une jouissance partielle et imparfaite de ce bonheur.

 

                                                                                Sermon 3 pour la Toussaint (Extraits)