Vivre l'essentiel — Avec Benoît et les Pères cisterciens

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Avec Benoît et les Pères cisterciens
Menu

Vivre l'essentiel

« L’essentiel est dans la croix ». Cette publicité pour le journal La Croix-L’Événement placée en encart dans Prions en Église a attiré… mon regard, mon cœur Publicité « réussie » bravo !

 

 « L’essentiel est dans la croix ». Cette publicité pour le journal La Croix-L’Événement placée en encart dans Prions en Église a attiré… mon regard, mon cœur Publicité « réussie » bravo !
  Si l’essentiel est vraiment là où Jésus meurt : en Croix… suis-je prêt à vivre cet essentiel, à témoigner de cet essentiel : donner ma vie, m’en dessaisir pour les autres.
Car l’essentiel, nous sommes tous d’accord : c’est de vivre… et l’essentiel de la vie : c’est aimer, être aimé. Mais vivre jusqu’à ce point…. aimer jusqu’à cet extrême, et puis
être aimé de cette façon…
Jésus en croix nous dit d’abord ce que n’est pas l’essentiel, il nous montre où il n’est pas :
              l’essentiel n’est pas de réussir, de s’épanouir, de faire carrière (professionnellement,
              religieusement), Jésus meurt abandonné, condamné, humilié.
              l’essentiel n’est pas dans l’argent ni dans cette apparence qu’il nous permet d’acheter:

              Jésus meurt nu, dépouillé, dévêtu de toute apparence, homme ordinaire, en tout semblable aux hommes et reconnu comme un homme : le Nazaréen ! Ecce Homo.
              l’essentiel n’est pas dans le manger, ni dans le boire. J’ai soif, dit le supplicié (Jn 19,28).
Frères et Sœurs, qui va nous dire l’essentiel : Jésus et tout pauvre qui lui ressemble.
Et puis qui va nous donner accès à cet essentiel de la Croix.
             Voyant sa mère et près d’elle, le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici
             ton fils ». Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère ». (Jn 19,26-27)
            Et à partir de cette heure-là, le disciple l’accueillit dans son intimité…
La Femme bénie entre toutes les femmes, c’est Elle qui va nous donner le fruit de l’arbre : c’est
Elle, Marie, et c’est l’Église : où l’essentiel nous est donné : la vie éternelle… l’eau et le sang, la Parole et les sacrements.
Mais pour vivre, il faut naître. À moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume. Alors
Jésus - pour que nous puissions naître de la Croix, naître à l’essentiel – nous donne Marie, nous donne l’Église : en elle, tout homme naît de l’Esprit : tout homme naît bien-aimé en Dieu. L’Esprit : c’est comme l’essentiel de Dieu lui-même – qui est Amour – et cet essentiel, Dieu nous le donne et il nous donne de pouvoir le recevoir. Dieu nous donne son « essentiel » : son Fils Unique et il nous donne l’Esprit pour communiquer à notre foi : la vie même de Jésus, cette vie dont l’essentiel est d’aimer. À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu… (Jn 1,12)
L’essentiel, ce Je t’aime de Jésus, ce Je t’aime de la part de Dieu, jailli de son cœur,
éternellement dit, jamais repris, offert à tous, cet essentiel, frères et sœurs, nous est livré dans un geste, dans un Souffle. Inclinant la tête, Jésus remit l’Esprit. La croix vivante, la croix glorieuse du Fils bien-aimé nous fait signe et nous attire, comme pour
un baiser :
      venez, approchez : vous êtes des dieux, des fils du Très Haut (Ps 81,6)
      venez : ceci est mon corps pour vous (Lc 22,19)
      venez mes bien-aimés : ceci est mon sang (Mt 26,28).
L’essentiel nous est confié : aimez-vous comme je vous ai aimés. Vous êtes mes amis.
Et la grâce de notre Église, ici en Algérie, c’est peut-être, je crois, d’être réduite à l’essentiel… et par là, nous risquons moins de réduire à néant la Croix du Christ. Notre
place, c’est d’être là auprès de l’Époux : de le prier quand l’amour manque à notre terre et de nous associer à son travail.
Notre joie, c’est d’être là : témoins que quelque chose se passe : on dirait sur la  
un mariage.

 Homélie pour l’Exaltation de la Sainte Croix, 14.09.1990, Adorateurs dans le souffle.                                                                                          

 

Homélies de frère Christophe Lebreton pour fêtes et solennités (1989-1996),
Editions de Bellefontaine, Godewaersvelde 2009, pp. 41-42.