Le Je t'aime de la croix — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Le Je t'aime de la croix

Alors la Croix: qu'est-ce que cela veut dire? Ou plutôt: qu'est-ce que Dieu veut nous dire par là? C'est le lieu où Dieu se dit et se donne en jésus comme un Je t'aime.

Le Je t’aime de la croix

 

Alors la Croix : qu’est-ce que ça veut dire ? Ou plutôt : qu’est-ce que Dieu veut nous dire par là ?   C’est le lieu où Dieu se dit et se donne en Jésus comme un Je t’aime. Et la croix que Jésus veut pour ses disciples, ce sera un lieu commun pour aimer comme Dieu. La Croix, celle que Jésus veut pour ses disciples, c’est l’amour plus grand. Et cet amour-là ne va pas de soi depuis le péché dont l’origine nous colle à la peau : l’amour humain est égoïste, narcissique. Saint Bernard le répète à l’envie : un affectus recourbé sur lui-même… et cela est vrai de l’affection filiale, paternelle, maternelle… Je me souviens de ce que me disait un ami : dans l’amitié chrétienne, je peux, je dois dire ceci à mon ami : je t’aime assez pour te dire que je n’aime pas que toi. Aelred de Rievaulx : « moi et toi et je l’espère un tiers entre nous, le Christ »

Jésus veut plus pour nous. Il veut l’amour-don, l’amour offrande, l’amour fou : l’amour crucifié. Cet amour se résume en un signe, en un dessin : une croix et un coeur. Aimer, c’est prendre sur soi ce dessin, ce signe d’appartenance au Christ.

 

                      La Croix, c’est un lieu de naissance. Je passe du moi égoïste au Je t’aime de la Croix.

                      Naître d’en haut (Jn 3,3), voilà le Don de Dieu en Croix.

 

                       La Croix, c’est le lieu de notre identité au Christ, de notre vérité pascale vers le Père.

                       Jésus le veut : Père, JE veux que là où je suis, ils soient eux aussi AVEC MOI (Jn 17,24).

 

                       La Croix, ce dessin sans prétention, ce signe d’amitié, c’est aussi un point de vue : Père,

                       Je veux que là où JE SUIS, ils contemplent la gloire que tu m’as donnée car tu m’as aimé

                      (Jn 17,24).

 

Prendre sa Croix : adhérer à ce signe dessiné par Jésus sur mon existence quotidienne, entrer dans la perspective large de l’Évangile : c’est voir déjà les cieux ouverts. Voir le Royaume. Ce lieu de naissance et de vérité, ce point de vue nouveau : n’est pas abstrait, n’est pas une idée. Parce qu’il s’agit de TA croix : celle de ta vie, de ton exode, de ton histoire singulière. Et plus encore .Parce que Jésus est mort en Croix sous Ponce Pilate, le Ressuscité, c’est ce Crucifié, ce Transpercé, ce Serviteur souffrant… Ils sont nombreux ceux qui lui ressemblent, marqués du Signe : les pauvres, les humiliés… Oui, au coeur de tant d’existences « non chrétiennes », ce Signe d’appartenance au Christ brille dans la nuit, éclairant toute foi vraiment croyante, toute existence qui consent à se perdre, toute recherche… pour les conduire à leur perfection filiale. Je m’arrête sur l’image. Jean-Paul II visitant la terre du Mexique, la terre de Pologne ou de Tchéquie, la terre du Maroc, il se baisse pour l’embrasser : c’est pour y déposer le signe de la Croix, ce baiser de Dieu à notre terre.

 

Homélie pour le 13ème dimanche ordinaire, 1.07.1990,

La table et le pain pour les pauvres. Homélies pour le temps ordinaire (1989-1996),

Editions de Bellefontaine, Godewaersvelde, 2010 pp. 21-22