Ta résurrection m'envahit — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Ta résurrection m'envahit

Communauté en vie – et résolument pour la vie. Malgré et à travers les signes de vieillissement, je nous sens vivants et exerçant chacun notre liberté de vivre – jusqu’à mourir.

Communauté en vie – et résolument pour la vie. Malgré et à travers les signes de vieillissement, je nous sens vivants et exerçant chacun notre liberté de vivre – jusqu’à mourir. Je nous sens plutôt en train de naître et il me semble que l’effort particulier est à faire du côté de la vigilance, de la disponibilité, de l’attente : le plus beau peut nous arriver au coeur du pire.
Communauté affrontée au Mal, nous faisons l’expérience que quelque chose nous résiste :
quelqu’un au milieu de nous fait face : offre visage de paix et mains ouvertes.
Jean-Paul II serait content de nous, je crois : annonce est faite de Quelqu’un. Je préciserai –
grâce à ma lecture de la vie du père Lev Gillet – le sujet de l’annonce, le sujet de cette vie
spirituelle à Tibhirine : c’est l’Esprit Saint. Cela nous dispense de tout héroïsme, voire de toute
aspiration au martyrologue.
Communauté combattante, oui : désarmée et affirmant un espace vrai, vécu, de paix fraternelle, où la Prière de Jésus ressuscité a lieu : donnant lieu de PAIX. Ce qui exige de notre part un souci de vérité : non-complaisance, non-complicité avec le mensonge homicide.
Communauté mariale, proche de la Croix, attentive à la vie (re)naissante. [...]

naître (l’espérance qui m’arrive)
             avec toi   tout commence enfin
hier est dégagé   aujourd’hui est libre
dans l’ouverture   se dessine un à-venir de lumière
ta ressemblance    m’attire
dedans ta pâque.   je me suis glissé
et me laisse prendre entièrement à ta vie
ta résurrection    m’envahit
         par toi s’actualise le don
         et tout s’éternise en joie
évangile et poème selon toi
la durée de mes jours
s’inscrit mot à mot    pas à pas
dans le coeur bienveillant d’une femme  là  debout
moine ordonné prêtre   je relève de cet amour qui
la transperce  près d’elle  tout contre le corps
crucifié d’un peuple que tu aimes  je suis
stabilié dans l’espérance
au fond de moi en vérité –souffle et prière- c’est toi serviteur
qui m’enchantes.    Allons – obéir est l’unique aventure
                                   Abba je viens vite j’arrive.

                                                                                                                                                                                           Journal, 29.05.95, Le souffle du don - journal -Tibhirine 1993-1996, Bayard, Montrouge 2012, pp. 185-186.