Bonheur donné en communion — Avec Benoît et les Pères cisterciens

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Avec Benoît et les Pères cisterciens
Menu

Bonheur donné en communion

Approchons-nous de Jésus… J’ai une question à poser : Maître, dis-moi… As-tu été heureux sur cette terre ? Toi, né dans une étable, fils du charpentier, toi sans références ni diplômes (ni prêtre du Temple, ni docteur de la Loi), toi sans maison et célibataire… Toi, enfin le Crucifié : as-tu connu le bonheur ?

Approchons-nous de Jésus… J’ai une question à poser : Maître, dis-moi… As-tu été heureux sur cette terre ? Toi, né dans une étable, fils du charpentier, toi sans références ni diplômes (ni prêtre du Temple, ni docteur de la Loi), toi sans maison et célibataire… Toi, enfin le Crucifié : as-tu connu le bonheur ?

Jésus nous regarde. Son regard attire à Lui tant d’autres questions. La question d’Ahmed : celle d’un bonheur impossible : pas de logement, pas de mariage, pas d’avenir, pas d’espérance… Le bonheur qui s’épuise. La question de Joël et de ses cinq enfants, celle du bonheur brisé : l’épouse, la maman enlevée par la maladie, la maison soudain vide d’une présence vitale.

Comment continuer d’être heureux ?

Et Jésus prend la parole. Non pour parler de lui, mais pour un enseignement : une réponse de la part de Dieu. Il dit : En marche les humiliés du souffle ! Oui, le Royaume des ciels est à eux ! « En marche les endeuillés, oui, ils seront réconfortés ! En marche les humbles, les affamés, les assoiffés de justice, les faiseurs de paix ! Heureux les pauvres (Lc 6,20-23). Béatitudes ! Elles sont la Révélation de la Grâce de Dieu, de son Bonheur donné en communion.

Tout s’éclaire : le bonheur de Jésus, c’est nous. Jésus n’a pas investi, n’a pas travaillé pour son bonheur à lui. Jésus, sans relâche, a travaillé au bonheur de Dieu. Mon Père jusqu’à présent est à l’oeuvre, et moi aussi, je suis à l’oeuvre (Jn 5,17)… ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. Jésus en toute sa vie humaine n’a jamais trahi le bonheur de Dieu : sa Volonté de Salut, son Offre de Miséricorde.

Alors ? Bonheur de Jésus ? Oui, une capacité infinie d’être heureux, une sensibilité. Jusqu’à l’extrême. Jésus : heureux d’amitié, de rencontre et de partage, heureux de solitude et de prière, heureux du chemin et de la maison, des arbres, des oiseaux, du vent... mais jamais au détriment des autres, heureux, mais pas sans les autres, surtout pas sans les pauvres. Il y va de l’honneur et de la gloire de son Père. Cette façon-là d’être heureux le rend infiniment vulnérable et le conduit à la Croix. Jésus : ton bonheur crucifié, est-ce le malheur qui s’introduit au coeur de Dieu ? Non, car Dieu, la sainteté est son chemin… chemin de Pâques. Jésus – fidèle jusqu’au bout à la Miséricorde, à la Justice, à la Paix. Christ Ressuscité, élevé à la droite du Père, nous donne accès au bonheur du Père, nous invite à entrer dans ce bonheur divin. La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint sont toujours avec nous. Oh ! voyez : enfants de Dieu, nous le sommes (1 Jn 3,1) et c’est là toute notre sainteté.

Frères et soeurs, saints et saintes : acceptons ce bonheur, acceptons d’être aimés. Ce bonheur maintenant pour nous se fait tout proche : sur la table, là, prenant la forme pauvre et simple du pain rompu, et dans la coupe, prenant le goût – bien bon – du vin.

Laissons-nous brûler par ce bonheur, livré à la merci de tous : qu’il devienne notre passion, notre mission reçue du Coeur blessé de Dieu.

 

 

Homélie pour la Toussaint, 1.11.1989,  

Adorateurs dans le souffle. Homélies de frère Christophe Lebreton pour fêtes et solennités (1989-1996),

Editions de Bellefontaine, Godewaersvelde 2009, pp. 18-19.