Un enfant nous est né — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Un enfant nous est né

« Un enfant nous est né. » Il est à la fois Enfant et Ancien des jours. Enfant par l’aspect corporel et par l’âge. Ancien des jours par l’éternité sans limite du Verbe. Si, en tant qu’Ancien des jours, il n’est pas enfant, il l’est cependant, car il est toujours nouveau. Et même, il est, non pas nouveau, mais la nouveauté même, immuable en lui-même et renouvelant toutes choses. Chaque être vieillit dans la mesure où il s’éloigne de lui, et tous sont rajeunis dans la mesure où ils se rapprochent de lui. Paradoxalement, ce qui le fait ancien est ce qui le rend jeune : en effet, son éternité qui ignore tout début d’existence comme tout déclin de vieillesse, est elle-même à la fois sa jeunesse ancienne et son ancienneté toujours jeune.

Mais il résulte de sa nativité dans le temps une autre jeunesse : par cette nativité un enfant est né pour nous rajeunir, lui qui de toute éternité naît comme Dieu pour rendre bienheureux les anges. Cette naissance-là est plus glorieuse, mais celle-ci est plus riche en miséricorde.

Ô très doux enfant, bon Jésus, qu’elle est grande l’abondance de ta douceur que tu as cachée à ceux qui te craignent, mais dont tu combleras ceux qui espèrent en toi ! Tu l’as déjà si largement manifestée à ceux qui ne te connaissent même pas ! Oui, douceur incomparable, tendresse ineffable ! À cause de moi, je vois devenu petit enfant créé, le Dieu qui m’a créé ! Le Dieu de majesté, non seulement se rend semblable à moi en assumant un corps véritable, mais encore se montre misérable et comme ayant besoin du secours de l’homme en raison de la faiblesse de l’âge. Vraiment, Enfant-Dieu, salut de ma face et mon Dieu, bien que tu sois tout entier doux et désirable, la fragilité de tes membres te rend pour moi plus doux encore. Elle te met en effet, à la portée de la pensée et de l’affection des tout-petits qui ne sont pas encore capables de te prendre comme aliment solide.

Pour le moment, il est doux, oui il est doux et savoureux, de penser et de réfléchir sans cesse à l’Enfant-Dieu. Bien plus, il n’est rien de plus efficace ni de plus agissant pour guérir et adoucir ce qui peut rester d’aigreur dans nos cœurs, d’amertume dans nos paroles, de rudesse dans notre comportement. Je ne puis croire, en effet, que là où se trouvent la pensée et le souvenir de cette divine douceur, il y ait encore place pour la colère ou la tristesse. Au contraire, toute mauvaise grâce, toute amertume et toute méchanceté s’éloignent de nous.

Sermon 1 pour la Nativité, 1-4 (extraits) Cf. Guerric d’Igny, Sermons I (Sources chrétiennes, 166), Paris, 1970, p. 165-175