Les deux résurrections — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Les deux résurrections

‘’Je suis, dit Jésus, la Résurrection et la Vie". Il est lui-même la première résurrection, et il est aussi la seconde. Car "Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis". Par le mystère de sa résurrection, il a réalisé pour nous la première résurrection, et sur le modèle de cette résurrection, il opérera pour nous une seconde résurrection.

La première est celle des âmes, lorsqu’il les ressuscite avec lui pour une vie nouvelle ; la seconde sera celle de nos corps, quand "il transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps de gloire". C'est donc à bon droit que le Christ affirme qu’il est "la Résurrection et la Vie", puisque, par lui et en lui, nous ressuscitons pour vivre en conformité avec lui et près de lui. À présent en conformité avec lui, en vivant dans la sainteté et la justice ; plus tard près de lui, dans la béatitude et la gloire.

Il est donc bien de dire ici : "Heureux et saint qui a part à la première résurrection". Il est saint en raison de la première résurrection déjà obtenue par le renouvellement de son âme ; il est heureux en raison de la seconde qu'il attend avec joie quand il sera rétabli dans son corps. L'Écriture nous découvre de plus pourquoi il est heureux quand elle ajoute que sur ceux qui ont part à la première résurrection, "la seconde mort n'aura plus de pouvoir", même si pour le moment la première mort a semblé les soumettre à son empire. Car l'unique mort du Christ a triomphé de l'une et de l'autre, délivrant de la première mort ceux qui en étaient captifs, préservant de la seconde ceux qui allaient l'être …

Mais rendons grâce à Dieu qui nous a donné la victoire aussi bien sur le péché que sur la mort. Il a voulu, en mourant, acquitter la peine de nos péchés ; en ressuscitant, il établit l'exemplaire et la cause de notre justification éternelle. Aussi "Le Christ, ressuscité des morts, ne meurt plus ; la mort sur lui n'a plus d'empire". De même le chrétien, ressuscité avec le Christ, ne pèche plus au point d'en mourir, le péché n'aura plus de pouvoir sur lui.

Le chrétien est donc ce bienheureux et ce saint qui a part à la première résurrection. Il est celui sur qui la seconde mort n'aura plus d'empire, elle qui sera absorbée dans la victoire du Seigneur ressuscité, comme l’est aussi la première mort. Il est également celui qui a pris conscience de la force de la Résurrection du Christ, et de la nécessité de participer à sa Passion, mais qui, de plus, est passé à l’acte et s’est rendu conforme à la mort du Christ, pour parvenir à la Résurrection des morts.

Sermon 2 sur la Résurrection (1-3 extraits)
Cf. Guerric d’Igny, Sermons 2 (Sources chrétiennes, 202), Paris, 1973, p. 231-237.