Marie — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Avec Benoît et les Pères cisterciens
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Marie

Marie forme Jésus en nous

Saint Paul, sachant que la chair ne sert de rien sans l'esprit qui vivifie, refuse de reconnaître désormais Jésus Christ selon la chair, afin de se livrer tout entier avec plus de soin à l'esprit qui donne la vie. Marie paraît avoir les mêmes sentiments, lorsque, désirant faire aimer de tous le Bien-aimé de son sein, l'objet chéri de ses désirs, le décrit non selon la chair, mais selon l'esprit. C'est comme si elle disait à son tour : « Bien que j'aie connu le Christ selon la chair, maintenant je ne le connais plus ainsi ». Car elle brûle du désir de former son Fils unique dans tous ses fils d'adoption. Ils sont déjà, en effet, venus au monde par la parole de vérité, néanmoins elle les engendre chaque jour par les désirs ardents et la sollicitude de son affection, jusqu'à ce qu'ils aient atteint la taille de l'homme parfait, qu'ils soient arrivés à la plénitude de l'âge de son Fils qu'une seule fois elle a enfanté et mis au monde.

Elle nous fait connaître ce Fruit, en nous disant : « Je suis la mère du bel amour, de la crainte, de la connaissance et de la sainte espérance. » C'est donc là ton Fils, Ô Vierge des vierges ? C'est donc là ton Bien-aimé, Ô la plus belle des femmes ? Oui, sans aucun doute, c'est là mon Bien-aimé, c'est vraiment mon Fils, filles de Jérusalem. Mon Bien-aimé est le bel amour en lui-même, mon Bien-aimé est le bel amour, il est la crainte, l'espérance et la connaissance en celui qui est né de lui.

Car il n'est pas seulement celui que nous aimons et craignons, que nous reconnaissons et en qui nous espérons, mais il opère aussi tout cela en nous, de sorte que, par ces vertus, il est réalisé et formé en nous comme par autant de membres et de parties. Et c'est alors que le Christ est parfaitement formé en toi, selon qu'il est possible en cette vie, c'est alors que sa vérité est exprimée en toi, si tu as reconnu la Vérité qu'il est lui-même, et si, après l'avoir reconnu, tu l'as glorifié par la crainte et l'espérance, et si - pour que l'espérance ne confonde pas - la charité a été répandue dans ton cœur.





Sermon 2 pour la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie 3-4
Cf. Guerric d’Igny, Sermons II 2 (Sources chrétiennes, 202), Paris,1973, p. 491-495.