Préparez la voie du Seigneur — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Préparez la voie du Seigneur

Cette voie du Seigneur qu’on nous demande de préparer, mes frères, c'est en y marchant qu'on la prépare, et c'est en la préparant qu'on y marche. Et même si vous y avez bien progressé, il vous reste pourtant toujours à la préparer, pour que, du point où vous êtes parvenus, vous alliez de l'avant, tendus vers ce qui est au-delà. Ainsi, à chaque progrès, le Seigneur dont la voie est préparée pour sa venue, vient à notre rencontre, toujours nouveau en quelque sorte, et plus grand qu'il n'était. C'était donc avec raison que le juste faisait cette prière: “Seigneur, place-moi sur la voie de tes justifications, et je la poursuivrai sans cesse”. Peut-être l'a-t-on appelée “voie éternelle” parce que, si la Providence a prévu la voie de chacun et a fixé un terme à son progrès, la nature de la Bonté vers laquelle on progresse n’a pas de limite. Aussi le voyageur sage et empressé, lorsqu'il sera arrivé au terme, ne fera que commencer, de sorte qu’oubliant ce qui est en arrière, il se dira chaque jour : “Maintenant, je commence”. […]

Mais nous qui parlons du progrès dans cette voie, puissions-nous avoir seulement commencé ! Car, à mon avis, ce n'est pas un léger progrès que d'avoir commencé. Encore faut-il avoir vraiment commencé, et avoir trouvé la voie de la cité où nous demeurerons. […]

Si donc tu es sur la route, ta seule crainte doit être de t'en écarter, d'offenser le Seigneur qui t'y conduit, pour qu’il ne te laisse pas alors errer dans la voie de ton propre cœur ; mais, en dehors de lui, ne crains personne. Et si tu prétends que c'est une voie trop étroite, considère la fin où elle te conduit.

Je crois que celui qui pense beaucoup à ce terme, non seulement rend sa voie spacieuse, mais il va jusqu'à prendre des ailes : il ne marche plus, mais vole. Donc, mes frères, rappelez-vous toujours la récompense finale, et vous courrez alors sur la voie des commandements en toute facilité et allégresse.

Sermon pour l’Avent, 5, 1.2.5 (extraits)
Cf. Guerric d’Igny, Sermons I (Sources chrétiennes, 166), Paris, 1970, p. 151-163