Pour nous — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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Avec Benoît et les Pères cisterciens
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Pour nous

Levez les yeux, frères, et voyez quel est celui qui fait son entrée pour sauver les nations. Voyez ! À lui appartient tout ce qui est au ciel et tout ce qui y resplendit. Celui qui descend maintenant vers nous, c'est celui que savourent les Anges, celui qui fait le bonheur de l'univers ! Ô Seigneur, "qu'est-ce que l'homme pour que Tu te souviennes de lui, et le fils de l'homme pour que Tu le visites ainsi ? " Isaïe ne dit-il pas : "Le monde est devant lui comme n'étant rien, comme un néant." Rien et néant dit-il ! Ô rien et néant, comme il te faut aimer celui qui pour toi s'est fait rien et néant !

Allons, si vous le voulez, jusqu'à Bethléem, voyons là où ce Dieu immense, Très-Haut, Sublime, Ineffable, s'est fait rien et néant. Celui qui remplit la terre et le ciel est enclos dans une crèche ; celui qui possède l'univers ne trouve pas de place dans une auberge. Pourquoi cela ? En un mot, c'est pour nous ! Avions-nous besoin de cela ? Mais oui, il fallait faire la paix. Voyez, il y avait désaccord entre Dieu et l'homme, entre l'ange et l'homme, entre l'homme et le démon. Dieu exigeait de l'homme deux choses : la satisfaction de la faute et la restitution de ce qui avait été perdu. Car l'homme était libre, fort, et heureux ; il pouvait choisir le bien sans que le mal n'intervienne, désirer le bien sans prendre goût au mal, jouir du bien sans division ni opposition. Sa mémoire était comme une étreinte de l'âme, retenant Dieu sans jamais l'oublier, sa raison comme un regard qui voyait Dieu sans possibilité d'erreur, son amour un goût de Dieu à l'intime du cœur.

Ô malheureux Adam, que cherchais-tu de plus ? Tu médites un méfait : "Non, je serai comme Dieu ! " Ingrat, Dieu t'a créé tel que toutes les créatures te sont inférieures ou égales. Dieu seul est au-dessus de toi, et te voilà jaloux de cette supériorité ! "Je serai comme Dieu" dis-tu. Intolérable orgueil ! Peu auparavant, tu étais formé de terre et de boue, et tu veux, sans vergogne, être semblable à Dieu ! Et maintenant le démon, percevant la sotte pensée qui monte en ton esprit te dit : 'Je vais vous montrer comment faire : Goûtez et vous serez comme des dieux". Ainsi l'orgueil engendre la désobéissance. Avance maintenant avec ta tunique de peau, pour que nous admirions les nouvelles richesses du dieu nouveau : "Voici qu'Adam est devenu comme l'un de nous !".

Eh bien, mes frères, c'est de ces deux péchés que Dieu exige réparation ; l'homme doit satisfaire pour le double péché d'orgueil et de désobéissance. Mais quelle humilité pourrait compenser un tel orgueil ? Quelle obéissance rachèterait une telle faute ? Comment l'homme captif pourrait-il libérer un captif ? Alors ? Elle va donc périr ta créature, ô mon Dieu ? Dieu oublierait-t-il d'avoir pitié, ou de colère, fermerait-il ses tendresses ? Oh non, "mes pensées sont des pensées de paix et non pas d'affliction ! ", dit Dieu.

Oh ! Temps de bonheur, oh ! Jour aimable et désiré, quand la voix du Père s'écrie : "À cause de la misère des malheureux et du gémissement des pauvres, maintenant je me lève, dit le Seigneur".

Sermons pour l'année. Collection de Durham, sermon 49 (extraits).
Cf. Aelred de Rievaulx, Sermons pour l'année, 4. Collection de Durham, sermons 47 à 64 (Pain de Cîteaux, série3, n° 23), Abbaye Notre Dame du Lac, 2005, p. 37-41.