La lectio divina — Avec Benoît et les Pères cisterciens

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La lectio divina

Il faut aussi vaquer à la lecture à certaines heures marquées. Car une lecture variée, faite au hasard et comme rencontrée par accident, en un lieu puis en un autre, n'édifie pas, mais rend l'esprit inconstant ; et, faite avec rapidité et sans application, elle s'échappe vite de la mémoire. Il faut s'attacher à certains esprits et accoutumer son âme à leur genre. Les saintes Ecritures veulent être lues dans l'esprit qui les a dictées. Jamais vous n'entrerez dans le sens de saint Paul, si, par la bonne intention qui vous le fera lire, et par l'application d'une méditation assidue, vous ne vous pénétrez point de son esprit. Comprendrez-vous David, si l'expérience elle-même ne vous a pas fait éprouver les impressions que redisent ses Psaumes ? Il en est ainsi des autres livres sacrés. Et pour toute l'Ecriture, entre l'étude et la lecture, il y a la même différence qui sépare l'amitié de l'hospitalité, une affection de connaissance, d'un salut échangé par hasard. De plus, il faut confier à la mémoire un passage du livre qu'on lit chaque jour, pour qu'elle le digère avec plus de facilité et le rumine plus souvent : une pensée plus en rapport avec notre genre de vie, capable de soutenir l’attention, qui fige l'esprit et l'empêche de se livrer à des pensées étrangères. Dans le cours de la lecture, il faut tirer d’affectueux élans, former une prière qui interrompe la lecture sans la suspendre et qui, chose préférable, rendent l'esprit plus pur et le mettent ainsi en état d'en mieux comprendre la suite.

La lecture sert et facilite l'intention. Si en lisant, l'âme cherche véritablement Dieu, tout ce qu'elle lit lui tourne à bien, le sens de celui qui parcourt le livre est captivé, et il soumet tout ce qu'il y trouve et comprend à l'obéissance due à Jésus-Christ…

... La première disposition pour lire les Ecritures doit être la crainte du Seigneur ; c'est sur elle que doit se baser l'intention qui la prend en main, c'est elle qui doit la diriger, elle aussi qui donnera le sens et l'intelligence de ce livre sacré.



Guillaume de Saint-Thierry, Lettre aux frères du Mont Dieu, trad. abbé Dion, Paris, 1867, chap. X, 31.
cf. coll. Sources Chrétiennes, 223, Paris, 1975, § 120-124, p. 239-241.